"Nous ne voulons pas faire peur aux gens", déclarait récemment David Servan-Schreiber, le psychiatre auteur du best-seller Anticancer, dans une interview à propos de sa nouvelle campagne sur la nocivité potentielle de l'eau du robinet, lancée fin juin en association avec le WWF (Fonds mondial pour la nature). Comment se positionner entre l’impact environnemental certain de l’eau en bouteille et l’impact sanitaire probable de l’eau du robinet, dans certains cas (voir notre fiche-produit sur l’eau) ? Tout en reconnaissant que l’eau du robinet est "globalement bonne en France", Servan-Schreiber invite les consommateurs à la vigilance "notamment pour les personnes dont la santé est fragilisée par une maladie comme le cancer, un peu comme on le fait pour les nourrissons". Concrètement, cette campagne est l’occasion de rappeler les précautions de base à adopter : vérifier les taux de nitrate dans l'eau de sa commune et, s'ils sont excessifs, privilégier l'eau en bouteille ou utiliser des filtres. Car même si l'eau est bien l'aliment le plus contrôlé en France, la présence de nitrates y dépasse parfois les normes autorisées, en fonction des périodes de l’année et des régions - notamment dans les zones rurales où ont lieu les épandages agricoles et où, pour des raisons de coût, seulement un à deux contrôles de qualité sont effectués par an. C'est sur ce point, ainsi que sur l'impact environnemental, que le WWF veut insister avec cette campagne. "On se rend compte que dans certaines régions, les nitrates et d'autres produits chimiques jouent le rôle de perturbateurs endocriniens, voire déclenchent des cancers", a déclaré au quotidien le Monde Cyril Deshayes, responsable du pôle eau douce au WWF. Selon lui, "il faut donc développer une approche transversale de la pollution de l'eau", en prenant davantage en compte l'environnement dans les politiques de santé publique, et en purifiant l'eau en amont, avant qu'elle ne soit rejetée dans la nature et pas seulement en aval, lors de son captage avant distribution. Et David Servan-Schreiber d’insister : "Il n'y a pas de raison que des groupes industriels arrivent à protéger l'eau à Evian et qu'on ne puisse pas le faire dans le reste de la France."