Végétarien, végétalien, vegan, sans gluten, sans lactose… Parmi les multiples termes désignant les évolutions des régimes alimentaires et la limitation de la consommation de produits animaux, un néologisme tend à faire de plus en plus parler de lui, comme en témoigne un récent article de la newsletter Bjorg : le "flexitarisme" désigne les individus qui adaptent leur régime selon les circonstances et sont végétariens la plupart du temps, sans s'interdire de manger de la viande occasionnellement. Le flexitarien est ainsi une sorte de carnivore (ou de végétarien) à temps partiel ! Car l’intérêt du terme réside justement dans le flou qui entoure sa définition : le "flexitarien" peut être, selon l'endroit où il place le curseur de son régime alimentaire, un végétarien qui mange occasionnellement de la chair animale ou bien un omnivore diversifiant son alimentation pour manger moins de viande. Concrètement cette souplesse permet aux consommateurs de naviguer entre les différents courants, sans pour autant adopter des régimes trop stricts qui peuvent en refroidir certains...
L’apparition d’une tendance "flexitarienne" fait écho aux problématiques contemporaines concernant la consommation de produits animaux. La nécessité de manger moins de viande et de poisson fait de moins en moins débat : l’humanité n’a jamais été aussi carnivore qu’à l’heure actuelle, et les conséquences sur le bien-être animal (bien que des pratiques plus éthiques se mettent en place, avec notamment l’association internationale Compassion In World Farming), l’environnement (l'élevage représenterait 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre) et la santé des individus (diminuer sa consommation de viande rouge, de fromage et de beurre permet d’éviter l’excès de cholestérol et les maladies cardiovasculaires) sont multiples... sans compter l'impact sur le budget familial, puisque viande et poisson sont parmi les produits alimentaires les plus chers. Cependant, les changements de régime alimentaire sont souvent perçus comme une véritable contrainte, en particulier dans la société française qui compte peu de végétariens (2 à 3% de la population contre 9% en Angleterre et 8% en Allemagne), de sorte que l’alimentation végétarienne ou végétalienne est parfois difficile à assurer (et assumer) socialement.
Le "flexitarisme" peut donc s’appliquer lors de situations très variées, et de nombreuses personnes l’adoptent sans même connaître le terme. Certains ayant opté pour une alimentation végétarienne ou végétalienne chez eux sont parfois confrontés à de nombreuses difficultés lorsqu’il s’agit d’aller au restaurant ou chez des amis, et sont alors "flexitariens" malgré eux. Pour d’autres, le "flexitarisme" découle d’un réel choix, qui est bien souvent motivé par des arguments diététiques et par la volonté d’avoir une alimentation la plus saine possible, avec augmentation de la quantité de fruits et légumes consommés, diversification des sources d’acides aminés via par exemple la consommation de céréales complètes et de légumineuses (lentilles, pois chiches, soja...).
D’après un sondage réalisé par Opinion Way en 2012, 27% des non-végétariens seraient prêts à adopter le flexitarisme. De nombreuses marques présentes en grande distribution telles que Bjorg déjà citée ou Sojasun surfent d'ores et déjà sur la vague en multipliant les plats complets préparés sans viande ni poisson, les protéines végétales (tofu, seitan, ...), etc. Chaque année, pour Noël, des terrines végétales apparaissent même en alternative au foie gras : le "flexitarisme" s'invite désormais sous le sapin et aux tables de fêtes !