Le leader des crèmes glacées Häagen-Dazs semble bien avoir décidé de s'inspirer de la tradition activiste de son concurrent Ben & Jerry's, qui a historiquement multiplié les produits porteurs d'une cause (comme par exemple One Sweet Whirled, une variété lancée pour porter un message sur le changement climatique) : Häagen-Dazs a en effet décidé d'associer le lancement de son nouveau parfum vanille-miel (Vanilla Honey Bee) à une campagne publicité et presse de sensibilisation des consommateurs américains au problème de la disparition des abeilles. La marque fera également apparaître le logo de son engagement sur cette question sur l'ensemble des pots de ses variétés utilisant du miel ou d'autres produits des abeilles… Une part des ventes du nouveau parfum servira à financer le travail de chercheurs des universités de Californie et de Pennsylvanie pour élucider la mystérieuse disparition des abeilles observée depuis 2006 et développer des méthodes de pollinisation durables, en alternative aux méthodes industrielles et intensives souvent utilisées aujourd'hui. D'après Häagen-Dazs, 40% de ses ingrédients dépendent aujourd'hui des abeilles et de la pollinisation.
Monocultures et pesticides sont sérieusement suspectés dans la disparition des butineuses. On se souviendra du tapage médiatique qu’avait suscité en 2004, l’insecticide Regent TS pour sa substance active, le fipronil, suspectée dans la surmortalité des abeilles. Bien que le Procureur de la République ait requis un non lieu pour les firmes chimiques BASF et Bayer qui commercialisent le Regent TS, ce dernier reste interdit en France depuis 2004 et la décision d’Hervé Gaymard, alors Ministre de l’Agriculture. La campagne d’Häagen-Dazs traduit donc les inquiétudes du secteur agro-alimentaire, qui se trouverait directement menacé dans sa rentabilité si la disparition des abeilles continuait au rythme actuel de 25% par an. Comme le souligne Katti Pien, directrice de marque chez Häagen-Dazs : "les glaces sont un détail. Le problème concerne l’ensemble de la production alimentaire". Et sans doute plus globalement l'espèce humaine, par effet domino, si l'on en croit la phrase attribuée à Einstein qui ne donne que 4 ans à l’humanité après la disparition des abeilles.