"Les preuves, qui continuent à s'accumuler, sont assez fortes pour justifier une classification au niveau 2b" (sur une échelle de 5), a estimé le président du groupe de travail mis en place par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC - antenne de l'Organisation Mondiale de la Santé, basée à Lyon), qui fonde cette classification "sur des études épidémiologiques montrant un risque accru de gliome, un type de cancer du cerveau associé avec l'usage du téléphone sans fil" pour les individus ayant eu un usage particulièrement intensif de leur téléphone sur les 10 ou 15 dernières années. Concrètement, ce classement 2b, qui concerne également le plomb, le chloroforme et le café, signifie qu'"il peut y avoir un risque, et que donc nous devons surveiller de près le lien entre les téléphones portables et le risque de cancer" - d'autres recherches seront donc conduites pour approfondir ce lien de causalité. Pour mémoire, 5 milliards de téléphones portables sont aujourd'hui en utilisation à travers le monde, et le CIRC souligne qu'à date on ne sait pas ce qu'ils pourraient déclencher en étant utilisés de manière régulière, tout au long de la vie, dans un contexte où la durée d'utilisation moyenne est en hausse importante, tout comme le nombre de téléphones. En tout cas, cette position de l' Organisation mondiale de la Santé représente un pas en avant dans la prise de position sur le sujet de la dangerosité des portables, et était attendue avec impatience tant par les entreprises de téléphone mobile (qui ont réagi en relativisant la portée de l'annonce) que par des associations.
La semaine dernière, lors du G8 du numérique à Paris (ou eG8), le patron de France Telecom, Stéphane Richard, avait déjà estimé sur le plateau de France Télévisions que les téléphones portables, qui sont collés à notre oreille et doivent émettre de la puissance pour établir la connexion, notamment lorsque l'antenne-relais est faible ou lointaine, étaient potentiellement plus nocifs que lesdites antennes-relais. Tout en stipulant que jusqu’à maintenant, “jamais les scientifiques, dont ceux de l’Académie de Médecine, n’ont pu conclure en l’existence d’un risque avéré lié à l’utilisation du téléphone portable”, Stéphane Richard avait toutefois reconnu que “l’utilisation intensive d’un téléphone portable chez les jeunes enfants est quelque chose à éviter”.
A noter : le CIRC n'a pas publié de recommandations formelles, mais simplement souligné une façon pour les consommateurs de réduire les risques. Ainsi, les experts ont précisé que l'utilisation du téléphone pour des textos ou en mode mains libres (haut-parleur ou oreillette) réduit clairement l'exposition aux ondes suspectes. A l'inverse de l'utilisation classique, avec le mobile collé son oreille (dont Stéphane Richard a par exemple confessait qu'elle restait son utilisation la plus fréquente), et notamment dans un contexte où le signal est faible et la connexion difficile à établir (antenne-relais éloignée, appel passé depuis un train ou une voiture en mouvement, etc.).
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