Toutes les 10 secondes, une superficie de forêt équivalente à un terrain de football disparaît en Indonésie, et l’extension des plantations de palmier à huile en est, de loin, la première cause. Et cela n'est pas sans lien avec nos achats quotidiens puisqu'en Europe, l’huile de palme est devenue, en quelques années, indispensable à la fabrication de nombreux produits de consommation courante, comme le montre une enquête que viennent de publier les Amis de la Terre sur les produits contenant de l’huile de palme dans les supermarchés français. L'ONG environnementale a enquêté dans 3 grands supermarchés (Auchan, Leclerc et Monoprix) pour identifier les produits contenant de l'huile de palme. Conclusion : 61% des chips, 54% des pâtes à tarte, 49% des pâtes à tartiner, 47% des viennoiseries ou encore 41% des biscuits apéritifs contiennent de l'huile de palme. Et pour ne rien arranger, tout cela reste très opaque, puisque de nombreux produits (comme la célèbre pâte à tartiner Nutella) portent la simple mention « matière végétale » sans dire explicitement qu’il s’agit d’huile de palme et sans donner le pourcentage dans le produit.
L’huile de palme est également utilisée pour la fabrication de cosmétiques et de détergents et au total "l’empreinte écologique en huile de palme d’un Européen, c’est à dire la surface nécessaire pour produire ce qu’il consomme, est aujourd’hui d’environ 25 m2 d’une plantation de palmier à huile" explique Sylvain Angerand, chargé de campagne Forêt aux Amis de la Terre. Et l'ONG d'appeler, en attendant, les entreprises agro-alimentaires à afficher précisément la nature des produits utilisés (plutôt que la simple mention "huile végétale"), à mettre en place une traçabilité pour assurer au consommateur que les produits contenant de l’huile de palme n’ont pas contribué à la déforestation, et enfin à s'engager dans la mise en place de filières de production soutenable d’huile de palme (fondées sur les principes suivants : planter du palmier à huile sur des terres dégradées plutôt qu’à la place de forêts, privilégier des petites plantations en agriculture biologique plutôt que des grandes monocultures pour réduire l'utilisation d'herbicides et engrais chimiques, ou encore appuyer une agriculture paysanne et équitable plutôt qu'une gestion par des grands groupes).
A lire aussi sur le sujet : la récente étude "Cooking the climate" publiée par Greenpeace et notre fiche-produit sur l'huile de palme.