Si l’ubérisation tous azimuts vous hérisse les poils, passez votre chemin… Car cet article est consacré au lancement de UberEats, le service de livraison des repas lancé mi-octobre à Paris. L'idée, toute simple, consiste à mobiliser la puissance logistique qu’Uber a développée avec son appli et son service de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) autour d'une promesse forte : une livraison de repas en moins de dix minutes après commande via son smartphone, grâce à la même application que celle qui sert aujourd’hui à commander une voiture. Lancé il y a un an aux Etats-Unis, après un test prometteur à Los Angeles, le service est centré sur les déjeuners au bureau, seul devant l’ordinateur ou en réunion conviviale : il est surtout proposé dans les quartiers d’affaires, comme le Sud de Manhattan à New-York ou le Financial district de San Francisco. A Paris, seuls les 1er, 2nd, 3e, 4e, 8e arrondissements et une partie des 9e et 11e sont pour l’instant desservis. Les plats proposés sont chaque jour issus de quatre restaurants différents, "parmi les meilleurs de Paris" revendique Uber, avec un coût de 8 à 12€ : l’entreprise achète pour l'instant 150 plats par jour à chacun des restaurants sélectionnés, les plats en question doivent être cuisinés "maison" à partir de produits frais et un plat végétarien est proposé chaque jour. MG Road, Sushi Soba, Eat n’drink, The Beast … : Uber se fait fort de sélectionner les restaurants qui montent et qui peuvent revenir au menu toutes les deux semaines environ (avec un plat différent) ! Le service est proposé de 11h30 à 14h30, et pour cette phase de lancement la livraison est gratuite (elle devrait ensuite être facturée aux clients 2 à 3 euros). Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les chauffeurs de VTC Uber qui font les livraisons "pour arrondir leurs fins de mois" mais bien des chauffeurs dédiés, équipés de scooters ou de véhicules 100% électriques. Concrètement, les plats sont stockés dans des sacs spéciaux (froids ou chauds) dans un camion spécial pour chaque arrondissement et les chauffeurs tournent en permanence pour approvisionner les clients - en sachant qu’en contrepartie de l’incroyable délai de 10 minutes maximum pour la livraison, le client doit descendre chercher son plat au pied de son bureau ou de son immeuble, pour éviter au livreur de devoir monter.
Uber devrait contribuer à développer ce marché parisien de la livraison de repas préparés par des chefs, sur lequel on trouve déjà quelques start-ups qui ont le vent en poupe comme PopChef, FoodCheri (qui se focalise de son côté sur les dîners livrés en 20 mn) ou encore Nestor (qui vise une clientèle de bureau en quête d’un déjeuner économique et qualitatif, également livrée en 20 mn). Et, à en croire la rumeur, Uber ne devrait pas s’arrêter là : d’ores et déjà sont annoncés UberRush, un service de coursiers (en test à New-York) mais aussi UberEssentials, un service de livraison de produits "basiques" et quotidiens du panier de la ménagère (en test à Chicago). L’objectif pour Uber : se mettre au cœur de l’écosystème des distributeurs et des restaurateurs locaux pour devenir l’arme anti-Amazon… avec des marchés immenses et bien moins régulés que celui des taxis.