Les associations environnementales ont finalement obtenu gain de cause auprès du géant anglo-hollandais : dans une brève déclaration sur son site Internet, Unilever vient d'annoncer qu'il allait abandonner progressivement l'utilisation de microbilles en plastique dans ses produits de gommage et soins exfoliants d'ici à 2015, pour "protéger les océans". Les clientes des marques du groupe seront sans doute pas surprises d'apprendre que du plastique entre dans la composition de leurs savons, gels et autres crèmes préférés. En effet, l'exfoliation, qui permet d'enlever les cellules mortes à la surface de la peau, est une technique plutôt ancienne qui remonte à l'Egypte antique ; mais les méthodes traditionnelles utilisaient des loofahs, du sable ou de la pierre ponce ont peu à peu cédé la place à de petites billes de polyéthylène ou polypropylène, d'un diamètre souvent inférieur à 0,1mm, lesquelles passent après rinçage à travers les filtres des canalisations d'évacuation des eaux usées, se retrouvent dans les océans où leur accumulation finirait par poser des problèmes pour la santé animale et humaine. Selon les organisations écologistes North Sea Foundation, the Marine Conservation Society, Seas at Risk et the Plastic Soup Foundation, trois produits exfoliants ou de gommage sur quatre en contiendraient (les billes pourraient représenter jusqu'à 10% du poids d'un produit) et on en trouverait aussi dans les shampoings, les savons, les dentifrices, les eye-liners et les bâtons de crème solaire. Présentes sur toutes les mers et les océans du globe et mettant des années à disparaître, ces milliards de petites billes ou particules de plastique constitueraient des leurres pour les animaux marins qui, en les ingérant, contamineraient toute la chaîne alimentaire... jusqu'à l'homme - juste retour à l'envoyeur. Les industriels qui fabriquent ces billes en font une promotion active, en vantant leur innocuité pour l'homme, et en soulignant leurs nombreux avantages - ainsi, la société Cospheric explique qu'elles sont opaques et donc très recouvrantes, que l'on peut les colorer, que les plus petites permettent de masquer les rides et surtout que leur parfaite rondeur les rend moins irritantes que les produits naturels utilisés avant. Dans un documentaire réalisé par la télévision allemande ZDF et diffusé sur Arte le 10 janvier ("Le plastique : menace sur les océans"), des scientifiques japonais affirment que, pour des raisons non encore élucidées, ces microbilles de plastique attirent "comme des aimants" les molécules toxiques rencontrées dans la mer, ce qui rendrait d'autant plus difficile la mesure réelle de leur impact sur les écosystèmes.