Le Grenelle avait fixé pour objectif une surface agricole utile française en bio de 6% en 2012, puis 20% en 2020, mais hélas la France est loin du compte : début 2013, on n’est qu’à 3,5% au total dans l’hexagone, une performance médiocre et en retrait des autres pays européens (Autriche :18,5 %, Suède : 12,8 % Allemagne : 5,1 % si l’on en croit les chiffres 2009) - malgré quelques départements pionniers du sujet comme la Drôme, dont 13% de la surface agricole utile est cultivée en bio. Les détracteurs du bio restent nombreux, et les arguments contre ce mode d’agriculture vont bon train : des produits pas forcément meilleurs pour la santé, une offre encore restreinte et des prix élevés, des labels inégalement fiables et exigeants, de faibles rendements… Autant dire que la dernière étude sur le sujet de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) est la bienvenue : elle affirme qu’il est possible de cultiver sans pesticides sans que cela impacte les rendements agricoles. Pendant 10 ans, l’Inra de Dijon a suivi des parcelles cultivées selon des méthodes agricoles intensives et des parcelles cultivées sans recours aux herbicides. Résultats : les rendements des parcelles cultivées sans pesticides sont comparables à ceux des parcelles avec pesticides. Ce qu’on appelle la « lutte intégrée » combine un travail raisonné du sol, une adaptation des dates de semis des cultures et surtout une diversification de l’ensemencement des parcelles au cours du cycle annuel. Concrètement, cela signifie que les tests ont été menés sur des terres sans labour, sans désherbage mécanique, sans herbicide, etc. Mais si l’expérience a fonctionné sur des petites parcelles, on peut se demander ce qu’il est en est à grande échelle. Car pour envisager de vastes cultures de « lutte intégrée », il faudrait développer la diversification des plantes et des cultures alternatives qui n’ont pas forcément de débouchés commerciaux assurés, d’où la nécessité de réorganiser les filières. Alors, à quand l’expérimentation en champ complet, grandeur nature