Alors qu’en matière d’impact sur le climat, nous avons un peu vite tendance à montrer du doigt la Chine, qui est passée en tête des pays les plus émetteurs de CO2, une étude publiée ces jours-ci par le journal "Proceedings of the National Academy of Sciences" ("Consumption-based accounting of CO2 emissions" de S. Davis et K. Caldeira) vient utilement rappeler que presqu’un quart de ses émissions sont générées durant la production de biens et services destinés à l’exportation, le plus souvent vers les pays développés (dont 8% seulement pour les produits destinés au marché américain). A l’inverse, soulignent les scientifiques de la Carnegie Institution de Washington, des pays comme l’Autriche, la France ou la Grande-Bretagne "importeraient" ainsi, via leur consommation de biens produits hors de leurs frontières, environ un tiers de leurs émissions de CO2 – émissions qui ne sont pas prises en compte d’ordinaire car les calculs des émissions nationales, selon le protocole de Kyoto, sont faits en fonction de ce qui est produit dans le pays, et non de ce qui y est consommé. Naturellement, plus le pays importateur est petit, plus ces émissions "cachées" sont importantes : ainsi la Suisse "externaliserait" plus de la moitié de ses émissions, tandis qu’aux Etats-Unis, 2,5 tonnes de CO2 "consommées" par personne sont produites hors du pays, soit 11% des émissions liées à la consommation domestique. Cette comptabilité carbone plutôt flatteuse pour les pays développés, et un rien mensongère, selon les chercheurs, notamment pour l’Europe et les Etats-Unis, est pour les auteurs de l’étude une raison de plus pour que ces pays prennent le leadership sur la lutte contre le changement climatique… notamment à travers la promotion d’une consommation responsable. Selon certains, elle serait aussi un argument de poids en faveur d’une taxe carbone, applicable notamment aux produits importés, comme celle dont le projet vient d’être ajourné en France !