General Electric s'était lancé dans l'aventure en 2005 avec "Ecomagination", Marks & Spencer a consacré l'exercice en 2007 avec son "Plan A" qui fait encore référence, Unilever a suivi en 2010 avec son "Sustainable Living Plan"... Autrement dit, le plan d'actions ambitieux à horizon 5 à 10 ans, présentant, dans l'idéal, des objectifs de transformation radicale de l'offre (comme par exemple Marks & spencer qui vise 50% de produits avec une garantie développement durable en 2015 et 100% des produits en 2020) et d'allègement de l'empreinte écologique, est devenu une figure imposée pour crédibiliser les grands groupes sur les questions de développement durable. C'est donc au tour de L'Oréal de se prêter au jeu avec son plan intitulé "Partager la beauté avec tous" qui propose quelques engagements marquants à horizon 2020 : 100% des produits démontreront un impact environnemental ou social positif (dans le détail, cet engagement renvoie à la réduction de l'impact environnemental des nouvelles formules - et notamment de l'empreinte eau - ; à l'utilisation de matières premières renouvelables issues de ressources durables ou de la chimie verte ; à l'amélioration du profil environnemental d'un nouveau packaging ; et à un impact sociétal positif du produit) ; l'empreinte environnementale aura été réduite de 60% malgré la croissance du groupe qui veut "apporter la beauté à un milliard de nouveaux consommateurs" ; et enfin le lancement d'un "outil d’évaluation du profil environnemental et sociétal de tous les nouveaux produits" - avec un engagement de chacune des marques du groupe sur la disponibilité de ces informations, la mise en place d'un plan de progrès, et la présentation de ses résultats. Le groupe s'engage, en outre, à associer le consommateur à ses choix à travers un comité consultatif de consommateurs. A cela s'ajoutent des engagements concernant les salariés, les fournisseurs et la contribution à l'insertion sociale…
Concrètement, on peut regretter que l'engagement sur les produits ne fasse pas référence à un "standard externe" certifiant la qualité sociale ou environnementale avec un focus sur la réduction de l'impact des nouveautés (produits ou/et emballages) - ce qui peut s'avérer in fine très ambitieux, ou très peu selon le point de départ et le niveau de progrès réalisé… On aurait attendu un peu plus du leader du marché - par exemple un objectif complémentaire annonçant une part de produits bénéficiant d'une certification externe (bio, équitable, écolabel européen, etc. - voir ici la liste des principaux labels disponibles sur ce marché). Il reste que ce type de plans d'actions a un double intérêt qui légitime largement l'exercice : d'abord l'affichage d'objectifs radicaux (100% ou zéro) a l'immense mérite d'enfoncer le clou sur le fait qu'à terme, les produits responsables devront être proposés en "remplacement de", et non "en plus de" leurs équivalents conventionnels ; et le coup de projecteur orchestré par le groupe, lui-même, l'oblige à progresser au-delà des objectifs fixés… Enfin, on notera que le plan de L'Oréal fait la part belle aux marques en les encourageant à engager un dialogue sur la consommation durable avec leurs clients, et affirme clairement la volonté d'utiliser les moyens marketing du groupe pour "promouvoir la dimension aspirationnelle des produits durables", autrement dit pour rendre la consommation durable absolument désirable.