Et si l’on transformait les titres-restaurants, qui représentent aujourd’hui 576 millions de repas par an en France pour 2,7 millions de salariés, en outils pour accélérer les changements nécessaires dans notre alimentation - tant pour notre santé que pour la planète ? Le 24 février dernier, l’Assemblée a examiné un amendement au projet de loi "Hôpital-patients-santé et territoires" visant l’extension de l’utilisation des titres de restauration auprès des détaillants spécialisés en fruits et légumes. Cette mesure, envisagée dans un rapport de prévention de l’obésité par Valérie Boyer (députée des Bouches-du-Rhône), a d’abord un intérêt pour la santé : les fruits et légumes frais exercent un rôle remarquable dans la prévention de l’obésité, du diabète et d’autres pathologies majeures, mais leur consommation a baissé de 17% pour les fruits et de 40% pour les légumes au cours des 40 dernières années. Dans ce contexte, le titre-restaurant pourrait devenir un outil de la politique de santé publique en contribuant à favoriser la consommation quotidienne de 5 fruits et légumes par jour recommandée par le Programme National Nutrition Santé. Au passage, il ferait aussi office d’outil de solidarité, en incitant les jeunes générations et les ménages à faibles revenus, sous-consommateurs de fruits et légumes, à y accéder.
Et le ticket-restaurant serait enfin, de façon indirecte, un outil de protection du climat : les produits "bruts" (par exemple fruits et légumes en vrac) ne représentant plus que 20% de notre budget alimentaire, plus des trois quarts de l’énergie nécessaire pour notre alimentation sont désormais consommés après la production agricole, pour les phases de transport, transformation, emballage, conservation et distribution des aliments (voir notre truc vert "Courses alimentaires"). Appliqués aux fruits et légumes frais, les titres-restaurants rendraient plus accessible et plus facile la consommation de ces produits, qui constituent des alternatives saines et écologiques aux produits transformés, cuisinés, emballés, en conserve ou surgelés. Notons également que, selon ses promoteurs, cet amendement pourrait avoir pour effet de soutenir le développement des commerces de proximité – ce qui aurait aussi une influence sur les émissions de GES en limitant les déplacements nécessaires pour aller faire ses courses. Tout se tient !