Les liens entre alimentation et santé sont sous le feu des projecteurs depuis quelques années : outre la nécessité de lutter contre l’épidémie d’obésité qui concerne maintenant plus de personnes dans le monde que la malnutrition, et touche un enfant sur cinq en France, des études scientifiques comme celle du World Cancer Research Fund, qui affirmaient en 2007 qu’un tiers des cancers peuvent être prévenus par l’alimentation et l’activité physique, mais aussi des livres à l’attention du grand public comme ceux de David Servan-Schreiber (Anti-Cancer) ou du Pr. David Khayat (Le vrai régime anti-cancer) ont contribué à amener le sujet à la une des magazines, même si les politiques publiques tardent à suivre. La difficulté est que la connaissance avance lentement, au rythme des études qui suivent des individus sur leur vie entière… Ainsi en matière de cancer, la publication récente des résultats de la vaste étude épidémiologique européenne EPIC a-t-elle jeté un pavé dans la mare en contredisant formellement ce que l’Organisation Mondiale de la Santé elle-même recommandait depuis plusieurs années, à savoir que manger cinq fruits et légumes par jour était une façon efficace de se protéger d’un cancer. Le bilan, en effet, selon cette étude, est qu’un régime alimentaire respectant les recommandations de l’OMS sur la consommation de fruits et légumes ne changerait qu’à la marge (moins de 3%) la probabilité d’avoir un cancer – ce qui ne disqualifie pas complètement ce régime qui permet aussi, cela étant, de prévenir le risque de maladies cardio-vasculaires et l'obésité.
Mais en France, l’ARTAC (Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse) du turbulent cancérologue Dominique Belpomme, n’a pas manqué de réagir à cette étude qui, selon elle, ne fait que confirmer ce que ses propres travaux montrent depuis plusieurs années : les substances chimiques cancérigènes (pesticides, nitrates, additifs etc.) présentes dans notre alimentation seraient les véritables agents responsables des cancers – un point de vue qui fait écho au programme "Assiette tous risques" diffusé sur France 3 cette semaine. Une approche qui met en exergue l’intérêt de l’alimentation bio puisque celle-ci est dépourvue de ces substances cancérigènes. Et l’ARTAC de stigmatiser au passage une étude publiée récemment par deux anciens chercheurs de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), affirmant que les aliments bio ne sont pas meilleurs pour la santé puisque n’ayant pas de qualité nutritionnelle mesurée supérieure par rapport à leurs équivalents non-bio : pour l’ARTAC, cette étude analyse insuffisamment les effets sur la santé des pesticides et additifs présents dans l’alimentation non-bio, dont de nombreuses études épidémiologiques ou toxicologiques prouvent le rôle causal dans l’apparition des maladies (cancers mais aussi malformations congénitales, stérilité, maladies dégénératives du système nerveux telles qu’autisme, Alzheimer ou Parkinson ou encore obésité ou diabète de type 2). De toute façon, conclut l’association, s’il n’y a certes pas encore de preuve scientifique directe que le bio protège contre la survenue d’un cancer, il n’y a certainement rien qui aujourd’hui, prouve le contraire. Reste encore à rendre le bio accessible à tous, ce qui semble être une préoccupation croissante des distributeurs ces temps-ci… Et une chose est sûre : le développement du bio limite les quantités de produits chimiques présents dans l’environnement, ce qui est indirectement meilleur pour la santé.