Ce phénomène estival est à l'image de notre conscience, puisqu'il survient de manière récurrente au moment où, avec les vacances, il risque bien de passer totalement inaperçu. Et pourtant… Mardi 20 août dernier était la date, pour 2013, de l'"Earth Overshoot Day", littéralement "le Jour du Dépassement Planétaire" calculé chaque année par l'ONG Global Footprint Network. Une date symbolique qui signifie concrètement qu'entre le 1er janvier et le 20 août 2013, l'humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la terre a la capacité de produire ou de renouveler en un an. Autrement dit : nous, habitants de la planète, avons épuisé seulement 8 mois notre budget "nature" de l'année, et nous entrons en phase de dette écologique envers les années suivantes… et les générations futures !
Le seuil critique a été franchi depuis un peu plus de 30 ans, depuis que la consommation de l’humanité a dépassé au milieu des années 70 ce que la nature est capable de fournir (ressources naturelles) et de digérer (pollutions) en une année. Pour faire court, nous vivons au-dessus de ses moyens. Ce qui est inquiétant, évidemment, c'est que l'épuisement des ressources naturelles s'accélère : en 2005, la limite fut atteinte un 20 octobre et en 2000, c'était un 1er novembre. Au total, là où l'humanité utilisait seulement les deux-tiers des ressources naturelles disponibles au début des années 60, elle dépasse aujourd'hui de plus de 50% la capacité planétaire (il faudrait donc désormais 1,5 planètes Terre pour répondre aux besoins de l'humanité).
Naturellement, les pays sont inégalement responsables de cette dette et la pression des plus riches est disproportionnée : plus de 80 % de la population mondiale vit dans des pays qui utilisent plus de ressources que ce que permettent les écosystèmes de leur territoire national. Il faudrait ainsi 7,1 Japon(s) pour répondre aux besoins des japonais, 4 Italie(s) pour ceux des Italiens, 2,4 Egypte(s) pour ceux des Egyptiens et 1,6 France(s) pour répondre aux besoins des consommateurs hexagonaux. Ces pays sont désormais "débiteurs écologiques" - puisqu'ils détruisent soit leurs propres ressources naturelles soit celles des autres. A l'inverse, le capital naturel des pays "créditeurs" comme le Brésil, l'Indonésie ou la Suède s'amenuise avec le temps.