C’est une épicerie fine d’un nouveau genre que viennent d'ouvrir Sylvie et Jean-Claude Génin au 4-6 rue Fléchier, dans le 9ème arrondissement de Paris, juste à côté de l'église Notre-Dame de Lorette. A l'ouverture, le 27 septembre 2008, le Comptoir des Abbayes a dévoilé ses étagères de bois investies d'une multitude de confitures, confiseries, charcuterie, vins et liqueurs, tisanes mais aussi huiles essentielles pour le corps, crèmes, linges de maison et poteries. Leur originalité ? Comme l’indique le nom de la boutique, tous proviennent de monastères ou d'abbayes : ils séduisent une clientèle laïque mais sensible à la garantie de confiance, de qualité et de savoir-faire qu’apportent les moines et les moniales, aux antipodes du marketing commercial et désincarné des multinationales de l’agro-alimentaire.
La montée des produits monastiques serait-elle une autre réponse au besoin de consommer du sens en même temps que des produits ? Les consommateurs affichent la volonté croissante de connaître l'histoire des produits qu'ils consomment et celles des hommes ou femmes qui les ont produits. Or les produits monastiques s'inscrivent, d'une certaine façon, dans le sillage du retour aux produits locaux (ils sont ancrés dans un terroir) et traditionnels (il s’agit de petites productions authentiques liées au savoir-faire souvent ancestral d'une communauté). Porteurs de sens, ils sont aussi de plus en plus souvent empreints de naturalité (comme les produits de l'Abbaye de Sept Fons) ou carrément issus de l'agriculture biologique tels ceux du monastère de Solan, comme s'il y avait une logique à ce que des communautés de moines, unies dans la volonté de mieux respecter l'être humain, prolongent leur engagement par un plus grand respect de la terre. Mais attention aux imitations : en grandes surfaces, certains produits se parent déjà de noms évocateurs de l’authenticité monastique (Moulin des Moines ou La Moinerie) mais point d’abbaye ou de communauté religieuse derrière ces marques-là…