A en croire l'équipe de la New Economics Foundation (NEF) qui vient de publier la troisième édition de son Happy Planet Index, les chefs d'Etats occidentaux qui n'iront pas à Rio (B. Obama, D. Cameron, A. Merkel, etc.) perdent une bonne occasion d'apprendre enfin ce qu'est un mode de vie durable, au contact des pays d'Amérique Latine. En effet, selon l'étude, ces pays ont une espérance de vie plus longue et un bien-être plus important que leurs homologues occidentaux. Rappelons que cet indice alternatif classe les pays en fonction d'une combinaison de trois critères : l'espérance de vie, le bien-être déclaré par la population dans les enquêtes de satisfaction et l'empreinte écologique du mode de vie. Les résultats sont instructifs : sur 151 pays étudiés, les Etats-Unis arrivent à la... 105ième place ! Et l'Angleterre, premier pays d'Europe, n'est qu'à la 41ième place, avec la France et l'Allemagne encore derrière (respectivement à la 50ième et 46ième places). A l'inverse, sur les neuf premiers pays, huit sont en Amérique Latine et aux Caraïbes : le Brésil arrive loin devant l'Allemagne, la Colombie bat l'Angleterre à plate couture et l'Argentine ridiculise l'Irlande...
La comparaison détaillée entre les premiers et les derniers est éloquente : prenons par exemple le Costa Rica, classé à la première place, où les citoyens vivent plus longtemps et se disent plus heureux que les Américains, alors que leur empreinte écologique est le tiers de celle des Etats-Unis. Autrement dit : le mode de vie américain et son consumérisme effréné sont bons pour le PIB mais s'avèrent in fine peu efficaces car, non contents d'avoir des impacts désastreux sur la planète (rappelons que si tout le monde vivait comme un Américain, il faudrait 5 planètes et demi pour répondre à nos besoins), ils ne parviennent même pas à rendre les gens plus heureux, ni à les faire vivre plus longtemps., Pour les auteurs de l'étude, cela n'est pas un hasard : là où les leaders politiques du monde occidental marquent leur indifférence sur le sujet en ne se déplaçant pas à Rio, des pays comme le Costa Rica ont intégré le développement durable dans toutes les politiques nationales. Le pays tire désormais 99% de son énergie de sources renouvelables et a fait reculer la déforestation, s'engageant par ailleurs en 2008 à devenir neutre en carbone à l'horizon 2021, avec la Norvège, la Nouvelle Zélande et l'Islande. Bien sûr, un long chemin reste à parcourir, pour ces pays-là également : l'indice de la NEF ne prend pas en compte des éléments comme l'accès à l'éducation, la sécurité des personnes ou le respect des droits fondamentaux, comme le font d'autres indices alternatifs (voir notamment ici)... Par ailleurs, l'empreinte écologique du Costa Rica reste bien supérieure à la biocapacité disponible sur son territoire. Mais cela comporte aussi des enseignements car un grand nombre de biens consommés par la population du Costa Rica ont été importés et produits dans d'autres pays, avec un coût environnemental important. Un pays ne peut pas être durable tout seul... C'est toute l'importance de Rio+20, même si les gouvernements occidentaux semblent avoir décidé de faire l'autruche.