Après la Suède, c’est au tour de l’Angleterre de publier des principes très officiels pour une politique alimentaire durable : un rapport de recommandations au gouvernement a en effet été publié début décembre par la Commission Nationale du Développement Durable, avec pour objectif de modifier assez radicalement les comportements alimentaires dans un sens qui soit à la fois bon pour la santé et pour l’environnement. Les trois premières recommandations identifiées par les auteurs, dans un contexte où l’alimentation représente environ 18% des émissions de gaz à effet de serre en Angleterre, sont de réduire la consommation de viande et de produits laitiers (ce qui aurait un impact important sur le climat mais aurait aussi pour effet, selon le rapport, de réduire le nombre de maladies cardiovasculaires et de certains cancers), de réduire la consommation d’aliments et boissons industriels à valeur nutritionnelle faible (notamment ceux qui sont trop gras et sucrés – y compris les boissons énergisantes), et enfin de réduire les déchets alimentaires (ce qui revient aussi à réduire la taille des portions et le nombre de calories consommées, en luttant ainsi contre l’obésité, et à réduire la pollution liée au transport des denrées alimentaires). Parmi les autres recommandations du rapport, on note l’augmentation de la consommation de fruits et légumes de saison (et non-cultivés sous serre), la consommation de poissons non menacés, la préférence à des produits respectueux de la planète (produits bio notamment), le remplacement de l’eau en bouteille par l’eau du robinet, la préférence aux achats de proximité effectués à pied, la vigilance sur les huiles de palme et de soja utilisées comme ingrédients, etc., Immédiatement critiqué par l’industrie agro-alimentaire anglaise (tout comme en France, la filière bovine commence à s’inquiéter d’être montrée du doigt sur le climat), le rapport ne se voile pas la face quant aux effets économiques potentiels de ce changement de régime : l’agro-alimentaire est en effet le premier secteur industriel du pays, avec 7% du PNB et 3, 7 millions de salariés. Mais la transition vers une alimentation durable n’en est pas moins nécessaire, selon les auteurs. Car l’enjeu est autant de protéger le climat (voir à ce sujet l’avis de l’économiste du changement climatique Nicholas Stern dans The Guardian) que de sauver des vies (70 000 morts prématurées pourraient être évitées chaque année, selon le rapport).