Alors qu'au siècle dernier le plastique a peu à peu envahi notre quotidien, notre alimentation (assiettes, couverts, verres, gobelets, bouteilles, plateaux repas livrés - voir à ce sujet les taxes dite « pique-nique » qui se multiplient de la Corée du Sud à la Belgique… et même à la France où le sujet est régulièrement évoqué puis repoussé depuis le Grenelle Environnement)… mais aussi notre environnement et les océans. La pollution qui en résulte est telle qu'elle marque pour certains scientifiques le début d’un nouveau temps géologique, que d'autres en France vont jusqu'à appeler « Molysmocène » ("âge des déchets" en grec) ou « Poubellien » (en Français) - à partir de l'idée que les paléontologues du futur découvriront beaucoup plus de déchets (et notamment en plastique) que de restes humains fossilisés.
Dans ce contexte, les couverts en plastique jetables sont une partie importante du problème : selon certaines estimations, on en utiliserait 40 milliards d’unités aux USA en une seule année. Autant dire que les entrepreneurs de l’environnement s’intéressent de longue date au sujet, explorant des matériaux alternatifs comme le bioplastique ou le bambou. C’est ici qu’arrive Bakeys, une entreprise indienne qui propose désormais des couverts… mangeables, fabriqués à base de riz, blé et sorgho, une céréale ancienne qui présente l’intérêt de pousser dans les pays chauds et de ne pas se ramollir au contact de l’eau. Fabriquée dans l’usine d’Hyberabad en Inde, depuis 2011, la cuillère est pour l’instant proposée en trois parfums - nature, doux et épicé. "Cela a le goût d’un cracker sec, fabriqué sans matière grasse. Et cela accompagne tout type de plat, puisque le goût du plat se diffuse dans la cuillère", selon le fondateur Narayana Peesapaty interviewé par le Guardian, qui vend déjà plus de 1,5 millions par an de ces cuillères comestibles à des traiteurs indiens travaillant pour des mariages ou d’autres événements. En outre, si les cuillères ne sont pas mangées mais jetées, elles se décomposent en quelques jours seulement, sans installation de compostage spécifique comme c’est le cas pour les bioplastiques.
Une chose est sûre en tout cas, la simplicité "low-tech" de cette innovation séduit, malgré son prix qui est pour l’instant le double d’une cuillère jetable en plastique : Peesapaty raconte qu’il reçoit désormais des emails du monde entier et sa campagne de crowdfunding sur Kickstarter, qui prévoyait de lever 20 000$, en est à plus de 250 000$, à trois jours de sa clôture. Forte de cet investissement, l’entreprise envisage désormais de fabriquer des baguettes et des fourchettes… et son fondateur espère diviser le prix unitaire par deux en augmentant les quantités produites et en sourçant ses matières premières directement auprès des agriculteurs.