Le marché automobile est en constante évolution, et plusieurs tendances bousculent ces dernières années les constructeurs pour les forcer à faire évoluer leurs offres : flambée des prix du pétrole, développement de l’autopartage et autres solutions de mobilité douce, agrocarburants et technologies "propres" (hybrides, électriques)... Mais une autre tendance force les fabricants à manifester encore plus leur créativité : la voiture individuelle ne fait plus rêver, comme le montre une récente étude IFOP pour Aramisauto.com. Ainsi pour 71% des Français, la voiture se banalise, ne fait plus rêver et est devenue en quelques années un objet de commodité, un simple moyen de transport. Autre signe de cette démystification : la voiture n’est plus considérée comme un outil de séduction pour 72% des Français, ni même comme une marque de réussite sociale (moins de 1% de la population interrogée). Cette tendance est particulièrement marquée chez les jeunes, pour lesquels la mobilité est devenue plus virtuelle qu’elle ne l’était par le passé, et le rêve de la voiture individuelle comme symbole de liberté a été remplacé par celui du téléphone portable. Elle est également accentuée par le développement des solutions de transport alternatif, telles que le covoiturage ou l’autopartage, qui rendent encore plus inutile l'achat d'un véhicule particulier dans un contexte où les jeunes sont déjà confrontés au handicap économique de celui qui débute dans la vie. Ainsi, à Tokyo, un jeune sur cinq affirme ne pas vouloir posséder de voiture. Les raisons invoquées : prix des véhicules trop élevé, inutilité face aux transports en commun, parkings inaccessibles, embouteillages et surtout image obsolète liée à leurs parents.
Pour faire face à ce désamour et tenter d’inverser la tendance, les constructeurs japonais ont mis en place des groupes de travail composés de jeunes adultes auxquels ils veulent faire co-inventer leur véhicule idéal. Résultat : la Suzuki Alto Lapin, la Honda Zest Spark, ou encore la Toyota IQ et la Nissan Cube, des mini-véhicules urbains qui ne ressemblent plus complètement à des voitures... Imaginés pour séduire ceux qui déclarent ne pas vouloir acheter de voiture, ces “no-cars” japonais contribuent à développer une nouvelle vision de l’automobile. Des petites motorisations faiblement émettrices de CO2, des formes inédites (même si la Suzuki Lapin rappelle un peu notre bonne vieille 4L) répondant aux envies de rupture d’une nouvelle génération de consommateurs, mais aussi des véhicules conçus pour favoriser les échanges et la convivialité, une attente forte de cette population, par leur confort intérieur et leurs ambiances lumineuses ou sonores sophistiquées. Ni signe de statut social, ni signe extérieur de puissance, l’automobile ne trouvera-t-elle son salut que dans une réincarnation en objet roulant avant tout fun et fonctionnel, économique et écologique ?