Au petit jeu de la traque aux moindres économies, nos voisins américains ne lésinent pas. Après la "farce" de la chanteuse américaine Sheryl Crow l'an passé, qui proposait de limiter la consommation de papier toilette à une feuille pour les petites visites et 2 ou 3 pour les grosses commissions, la chasse au gaspillage de papier toilette continue et cette fois-ci l'idée est plutôt... retournante. Un bloggeur américain et militant, Chris Rugen, argumente qu'en déroulant son rouleau de papier toilette dans un sens plutôt que dans l'autre, on peut économiser jusqu'à 2 feuilles par visite et allonger d'autant la durée de vie dudit rouleau. Une économie non négligeable lorsque l'on sait que chaque européen consomme 13 kg de papier toilette par an, et que dans le monde chaque année, ce sont 22 milliards de rouleaux de papier toilette qui sont déroulés. Selon la branche Forêt du WWF qui a mené une étude sur le sujet en 2006, auprès des 5 plus grands fabricants de papier toilette en Europe (Procter et Gamble, SCA, Kimberly Clark, Metsa Tissue, et Georgia Pacific), la consommation de papier toilette engloutirait 270 000 arbres par jour, des arbres dont on ignore encore le plus souvent la provenance. Mieux vaut donc remplacer son rouleau de papier toilette en fibres vierges par un rouleau de papier recyclé, ce qui permet en outre d’économiser de grandes quantités d'eau (utilisée pour extraire la cellulose du bois) et d’éviter les émissions de dioxine liées au processus de blanchiment au chlore du papier. Mais face aux réticences des consommateurs, les fabricants sont encore frileux pour incorporer davantage de fibres recyclés dans le papier toilette. En Suisse, pays pourtant avancé pour ses pratiques environnementales, seulement 10% du papier hygiénique des ménages est ainsi issu de fibres recyclées. Et en France, même si des papiers toilette à base de fibres recyclées, portant de surcroît l'écolabel européen, sont proposés par exemple dans les gammes vertes "maison" de Monoprix, Cora ou Casino, les grandes marques font la sourde oreille et les industriels ne parviennent pas à donner la part globale de papier recyclé vendu dans l'hexagone… Problème, car il en va souvent de l'environnement comme de régimes : on ne progresse bien que sur ce qu'on mesure.