Utilisée dans la fabrication des vêtements et chaussures traditionnels aux Philippines, la fibre d’ananas a interpellé la créatrice Carmen Hijosa durant les années 90, alors qu’elle était consultante dans une usine de cuir. En recherche de nouveaux matériaux pouvant constituer une alternative de qualité au cuir, la fibre d’ananas s’est avérée être un produit de choix à partir duquel Hijosa a créé le Piñatex (piña signifiant ananas en espagnol). Permettant de produire une maille sans tissage ou tricotage, sur le principe du feutre, les fibres ont une apparence semblable à la toile et peuvent être teintes et traitées pour obtenir différents types de textures. Différentes épaisseurs de produit sont également possibles, selon l’usage envisagé : ainsi, il est aisément possible de reproduire à la fois l’aspect et la solidité du cuir ! L’écologie est un autre impératif pour Carmen Hijosa, qui tient à ce que ses produits soient les plus respectueux possibles de l’environnement. Les fibres sont extraites de feuilles d’ananas sur les plantations des fermiers, où elles sont habituellement laissées à même le sol après la récolte : la production du Piñatex ne nécessite donc pas de terrain supplémentaire et constitue un réel bénéfice pour les petits producteurs. Après 5 ans de développement au Royal College of Art, le Piñatex a été lancé à Londres en novembre 2014. Sérieux avantage, son prix est pour le moment de 23€ par mètre carré, tandis que le cuir coûte entre 25,5 et 28€ : une différence de prix expliquée par la faible quantité de déchets générés par la matière première. En bref, un textile durable et à moindre coût, qui devrait séduire à la fois les fabricants et les consommateurs !