Une étude britannique intitulée "Consumers, Business and Climate Change", publiée récemment par l'Institut de la Consommation Durable de l'Université de Manchester, replace le consommateur au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique. Selon ses auteurs, 75% des émissions de gaz à effet de serre de la Grande-Bretagne seraient en effet directement ou indirectement liées à la consommation. Et l’analyse des émissions en terme de consommation (plutôt que de production) change les perspectives : 20% des émissions de la Chine seraient ainsi liées à la production de biens qui sont consommés dans d’autres pays, et à l’inverse, les émissions des Etats-Unis seraient 8% plus élevées (et celles de la France 15% plus élevées) si on les calculait en fonction des biens effectivement consommés (et non produits) dans le pays. Selon les auteurs, la mobilisation des consommateurs, qui transcende les frontières et stimule l’innovation des entreprises, peut être plus efficace à court terme pour réduire les émissions que l’action des gouvernements. Une bonne nouvelle après l’échec des négociations internationales à Copenhague, alors même que la rapidité et l'ampleur des changements climatiques semblent dépasser les prévisions les plus alarmistes du GIEC : le temps que les gouvernements se mettent d'accord sur des objectifs ambitieux à la hauteur des enjeux, chaque sommet international repoussant l’heure des engagements, il pourrait bien être trop tard. A l’inverse, selon le rapport, les consommateurs du monde entier sont aujourd’hui motivés pour lutter contre le changement climatique mais quelques freins les empêchent encore de passer à l’action – la rareté et le prix des produits « bas carbone », le manque d’information et le sentiment que le problème est trop grand pour que l’action individuelle puisse contribuer à la solution. A charge pour les Pouvoirs Publics de travailler à lever ces freins, selon quelques pistes que le rapport développe au fil de ses 60 pages, de l’étiquetage carbone des produits à l’intégration de ces questions à l’éducation des enfants…
De son côté, le quotidien britannique The Guardian a pris le défi au mot : associé à plusieurs ONG, entreprises et acteurs de la vie politique, il a lancé en septembre une campagne nationale, baptisée 10:10, pour proposer aux citoyens britanniques de s’engager à réduire de 10% leurs émissions de C02 en 2010. Sur le site internet de The Guardian, tout est prévu au cours des prochains mois pour accompagner et encourager les citoyens britanniques qui ont signé le pacte 10:10, avec de nombreux trucs pour atteindre les 10% de réduction, sensés être les plus faciles à atteindre en révisant ses consommations d’énergie domestiques et ses déplacements. Le quotidien propose des catégories sur lesquelles agir (alimentation, chauffage domestique, électricité, déplacements en voiture ou en avion, appareils électroniques, consommation d’eau, habillement, transports en commun, consommation de papier…) et donne la possibilité de calculer les émissions évitées sur chaque poste. Idem sur le site de la campagne 10:10, où de multiples ressources sont proposées, du poster aide-mémoire à la maison jusqu’à la brochure pour convaincre ses amis. CQFD