Dans un ouvrage édifiant consacré à l’empreinte écologique de nos activités courantes, ironiquement baptisé "Time to eat the dog", un couple d’universitaires néo-zélandais s’est notamment attardé sur nos animaux domestiques préférés, et les résultats ont de quoi laisser pantois les amis des bêtes et de la nature. D’abord, rapporte la revue New Scientist, un chien pèse plus lourd qu’un gros véhicule 4x4 : pour une année en effet, l’empreinte écologique d’un chien de taille moyenne est de 0, 84 hectare, ce qui signifie que cette surface de terres agricoles est nécessaire notamment pour faire pousser la nourriture qu’il avale gloutonnement (notamment les 164 kilos de viande et les 95 kilos de céréales annuels). Et là, première surprise : cette surface est deux fois supérieure à celle requise pour construire et faire rouler une Toyota Land Cruiser de 4, 6 litres sur 10 000 kilomètres, un parcours qui ne requiert "que" 0,41 hectare de surface terrestre (si l’on considère qu’un hectare peut produire environ 135 gigajoules d’énergie chaque année). Certes, les voitures émettent en plus du CO2, mais les animaux ne sont pas en reste côté déchets, déjections obligent. Evidemment, l’empreinte écologique est d’autant plus élevée que le chien est gros, ce qui n’arrange pas le cas du berger allemand (1,1 hectare). Au total, selon les auteurs, le fait de posséder un chat ou un chien représenterait plus de 2% du bilan énergétique personnel d’un individu, du fait notamment de l’impact de la viande dont se nourrissent ces animaux (l’élevage représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre sur la planète). Mais les amateurs de chats, de rongeurs ou de poissons rouges auraient tort de se réjouir. Car leur bilan n’est guère plus reluisant : 0, 15 hectare par an pour un petit félin (autant qu’une Golf Volkswagen) et 0, 014 hectare par an pour un hamster (soit autant qu’un écran plasma pour deux petits rongeurs)…
Le canari sauve ses plumes avec la moitié et le poisson rouge avec 3,4 mètres carrés de terre par an, ce qui représente quand même l’équivalent de deux téléphones portables. Et c’est là qu’intervient le coup de grâce porté au pays qui a vu naître "30 millions d’amis" : selon un article de Terra Economica, qui a fait le compte des animaux domestiques en France en 2008 (61,6 millions au total dont 7,8 millions de chiens, 10,7 millions de chats, 3,2 millions de petits mammifères, 3,5 millions d’oiseaux et 36,4 millions de poissons rouge), l’amour des bêtes dans l’hexagone a une empreinte écologique de 82 000 kilomètres carrés, soit 45% des terres agricoles disponibles !
Quels conseils donnent les auteurs ? Avoir moins d’animaux domestiques, des animaux plus petits et les nourrir différemment - en leur servant des aliments bio, en les convertissant au régime végétarien surtout. Ou, à défaut, faire en sorte que le propriétaire change, lui, son régime pour continuer de servir de la viande à ses animaux quand ils ne peuvent s’en passer, comme les chats. Pour en savoir plus, consultez notre truc vert sur les animaux de compagnie.