Blake Mycoskie, fondateur et "donateur de chaussures en chef" chez TOMS, a créé en 2006 cette entreprise qui proposait à l'origine des chaussures en toile confortables, stylées et pratiques, avec une promesse originale réinventant le produit-partage, puisque chaque paire achetée par un consommateur occidental déclenche le don d’une paire à un enfant défavorisé dans les pays du Sud. Inspirée par les Alpargatas, ces espadrilles confortables et fonctionnelles portées par les ouvriers Argentins depuis plus de cent ans, l’histoire de TOMS est indissociable de celle de son fondateur : lors d’un séjour en Argentine, Blake fut frappé par le fait que dans ce même pays, les enfants les plus pauvres qu’il croisait dans les villages ne pouvaient même pas se payer ces chaussures traditionnelles et devaient aller pieds nus, ce qui engendre de l’inconfort mais surtout des maladies infectieuses pouvant entraîner la mort. C’est ainsi que le jeune entrepreneur décida de mettre son énergie au service de ces enfants, avec ce concept du "one for one" (un produit acheté, un produit offert à un enfant pauvre des pays du Sud) qui lui a permis dès 2007 de redistribuer 60 000 paires de chaussures à des enfants pauvres en Argentine et en Afrique du Sud… un chiffre qui se monte désormais à 35 millions de paires distribuées dans les pays du Sud depuis la création de TOMS.
Et comme le succès du concept a été quasi-immédiat, il a fait école… d’abord chez TOMS lui-même, qui a lancé une offre similaire de lunettes en 2011 (ici l’application du "One for one" finance des dons de lunettes aux personnes dans le besoin mais aussi des traitements médicaux ou des interventions chirurgicales permettant de retrouver ou de conserver la vue) puis une marque de café en 2014 (chaque paquet vendu donne de l’eau propre et potable pendant une semaine à une personne vivant dans les pays où le café est produit) et une gamme de sacs début 2015 (qui finance une naissance sans risque pour la maman et son enfant, à chaque produit vendu). Pour faire école, justement Blake a également créé en 2012 avec le magazine GOOD la Fondation "Start something that matters", dotée de 50 000 dollars annuels pour financer des projets entrepreneuriaux et servant l'intérêt général.
Il est vrai que l'exemple de TOMS est inspirant : au total, selon Fortune, la marque réaliserait désormais un chiffre d’affaires annuel compris au minimum entre 100 et 350 millions de dollars, et "pèserait" déjà 625 millions de dollars, ce qui a valu à Blake de se retrouver dans la liste des 40 millionnaires de moins de 40 ans publiée par le magazine Fortune, aux côtés de Mark Zuckerberg (fondateur de Facebook), des fondateurs de Google et de quelques autres. Mycoskie n’a pas l’intention de s’arrêter là : il veut développer encore son entreprise, qui porte déjà la certification B Corp, en lançant une nouvelle catégorie de produits par an, sur le même modèle du "one for one". D’ores et déjà, il réfléchit aux marchés de l’hôtellerie, de la banque, du transport, de l’éducation, etc. Mais l’inspiration du concept de "one for one" s’est étendue au-delà de l’entreprise créée par Blake et de nombreux entrepreneurs dans le monde appliquent désormais la même idée sur des marchés similaires ou différents : ainsi le traiteur Munchery à San-Francisco donne un repas aux plus démunis pour chaque repas acheté par ses clients, Jimmy Fairly en France fait la même chose avec les paires de lunettes, One World Futbol fait de même avec des ballons de foot increvables et super-résistants, Baby Teresa avec des vêtements pour bébé, FIGS avec des tenues médicales (chaque tenue vendue dans les pays du Nord déclenche le don d’une tenue et d’un kit médical de base pour les médecins et infirmières des pays du sud), Roma avec des bottes pour enfants, etc. Au point que Mycoskie a également lancé en 2013 une "marketplace" en ligne proposant les produits d’autres marques engagées que la sienne, dont certaines pratiquent le "one for one" comme One World Futbol.