Après Greenpeace et ses rapports successifs sur la nécessité d'une électronique plus verte, c'est au tour du réseau d'ONG européennes makeITfair de dénoncer cette fois les impacts sociaux et sanitaires de cette industrie. Lancée en fin d'année dernière, et coordonnée par le centre néerlandais de recherche sur les multinationales (Somo), avec la participation de Good Electronics (réseau des droits humains et de la durabilité dans l'électronique) et des associations de consommateurs ou de défense des droits de l'Homme en Suède, aux Pays-Bas et en Allemagne, cette campagne est soutenue par l'Union européenne. Considérée à tort comme ayant peu d'impact du fait de leur caractère immatériel, les technologies de l'information et de la communication (téléphone portable, ordinateurs, baladeurs) sont pourtant issues d'une chaîne de production complexe, similaire à celle de l'industrie textile : "le pourcentage élevé de sous-traitance, les développements rapides des produits, les structures faiblement syndicalisées et l'absence d'amélioration des législations nationales et internationales dans des pays comme la Chine, la Russie ou certains Etats africains" contribuent, selon les animateurs de la campagne, à la persistance du travail des enfants ou à l’absence de règles de sécurité et d'hygiène dans la production des produits électroniques. Ainsi, SwedWatch, membre de makeITfair, publie une étude montrant que la moitié de la production mondiale de cobalt, utilisé pour les téléphones et ordinateurs portables ainsi que les caméras digitales, provient des mines du Zambie et de la République démocratique du Congo : or un mineur sur trois y est un enfant ou adolescent, d'après l'organisation suédoise, les mineurs ne disposent d'aucun habit de protection et sont contraints de respirer la poussière minérale responsable d'infection aux poumons et aux yeux. Chez Somo, on montre qu'en Afrique du sud, 17 000 villageois se voient expulsés de leurs terres ancestrales pour rendre l'extraction du platine et du palladium possible, deux composants utilisés pour la fabrication de disques durs et d'écrans plats - tout cela, sans qu'aucune compensation ne soit prévue.
L'originalité de la campagne makeITfair est de viser la sensibilisation des jeunes de 12 à 25 ans, gros consommateurs de produits électroniques. Concrètement, le site web de la campagne makeITfair leur propose des rapports concis sur les impacts sociaux méconnus de l'industrie et des brochures (par exemple sur le véritable coût d'un coup de fil) disponibles en plusieurs langues (mais pas encore en Français), ainsi que des conseils pour acheter responsable. Selon makeITfair, les jeunes consommateurs allemands, néerlandais et scandinaves seraient prêts à payer 10% plus cher des produits électroniques produits sous des conditions socialement et écologiquement responsables.