Vigeo et le WWF ont créé la surprise début décembre en publiant le premier bilan carbone complet de l'économie française, secteur par secteur. Surprise... car la banque arrive en tête des secteurs responsables des émissions de gaz à effet de serre, devant les cimentiers, les sidérurgistes ou les compagnies aériennes qu’on aurait davantage attendus en tête de classement. La raison ? L’étude a intégré au bilan carbone de chaque secteur l’impact élargi de l’entreprise, en amont (fournisseurs) et en aval (utilisateurs) au-delà de son propre fonctionnement. Dans le cas de la banque (comme d’ailleurs de l’assurance), cela revient à considérer, au-delà des émissions directes (bâtiments, déplacements), l’impact carbone des financements accordés – notamment aux projets énergétiques utilisant des ressources fossiles (pétrole, gaz ou charbon), ce qui alourdit considérablement la note. A titre de comparaison, la grande distribution est l'autre secteur des services qui pèse lourd en termes de CO2, car il écope des fortes émissions de l'agriculture, à l'origine des produits agroalimentaires vendus dans ses rayons. Dans un contexte où, selon une autre étude récente, seuls 15% des clients citent les banques comme un secteur investi sur le développement durable et où 48% seulement des banques proposent des produits d’investissement responsables à leurs clients, les banques pourraient bien être poussées rapidement par leurs clients et l’opinion publique, entraînés par les ONG, à mettre les bouchées doubles sur le sujet. Un exemple ? Au Canada, l’ONG écologiste Rainforest Action Network a lancé un site web qui permet aux consommateurs d’indiquer le nom de leur banque et le montant de l’argent qu’ils y ont placé… pour obtenir les émissions annuelles de CO2 liées à leur épargne, données en équivalence par rapport à l’utilisation d’une automobile sur plusieurs semaines. Et si la banque du client est jugée trop intensive en CO2, le site propose directement des moyens de s’adresser à la banque, pour lui demander de changer (ou la féliciter, s’il d’agit au contraire d’une banque engagée sur le sujet).