Avec 39 restaurants dans l’Oregon et l’Etat de Washington, la chaîne de restauration rapide familiale Burgerville, née en 1961, a souffert dans les années 90 de la vive concurrence des géants McDonald’s et Burger King. C’est pour renforcer sa différence que l’entreprise s’est engagée, à partir de 2003, dans une démarche proactive pour l’environnement et la santé, commençant par ne plus acheter que des steaks provenant d’élevages extensifs avoisinants où les bœufs pâturent en plein air et grandissent sans hormones ni antibiotiques, puis éliminant les graisses hydrogénées (qui augmentent les risques cardio-vasculaires et de cancer). En quelques années, ses efforts se sont intensifiés et sont devenus un positionnement : Burgerville ne sert plus, désormais, que des produits cultivés dans un rayon de 300 km à la ronde et dans le respect de l’environnement, ainsi que d’élevages locaux - noisettes ou saumon fumé de l’Oregon, viandes des petites exploitations familiales alentour, pains fabriqués par une boulangerie des environs sans conservateur puisque quasiment sans transport, fromage d’une coopérative centenaire locale, cornichons cultivés dans l’Ouest de l’Etat de Washington, dans la Skagit Valley, etc. Du coup, sa carte change de couleur avec les saisons (le milkshake estival aux fruits rouges devient orange à l’automne, avec un parfum de citrouille) et dorénavant chaque mois mettra en vedette dans les menus un ingrédient local et de saison (le romarin était ainsi à l’honneur en mars avec du poulet au romarin et des pommes de terre au romarin, puis ce fut le tour des épinards en avril avec une tourte aux épinards et une salade de jeunes feuilles).
Pour ne rien gâcher, dans tous les sens du terme, les déchets alimentaires sont compostés, ce qui fait économiser plus de 100 000 dollars par an à Burgerville ; l’huile de cuisson est recyclée en agro-carburant ; les employés bénéficient tous d’une mutuelle santé, chose rarissime dans l’industrie ; et les restaurants ou bureaux de l’entreprise sont intégralement alimentés par de l’énergie éolienne (certaines éoliennes sont même implantées sur les terres des ranches qui fournissent Burgerville en viande). Autrement dit : une véritable alternative aux leaders du fast-food, eux-mêmes engagés dans des démarches visant à améliorer leur impact environnemental, alors que fleurissent un peu partout des concepts de "fast-food" écologiques, comme Seller’s Markets à San-Francisco, O’Burger à Los Angeles ou encore, dans un genre différent, Cozna Vera du chef français Marc Veyrat.