Alors que le Ministère de l’Ecologie vient de lancer une alerte au niveau élevé de particules dans l’air (leur stagnation est encouragée par le beau temps hivernal froid et sec) dans plusieurs régions de France, une nouvelle étude, coordonnée par l'Institut de veille sanitaire (InVS) et menée dans 12 pays européens, vient de le confirmer : la pollution de l'air dans les grandes villes européennes, notamment générée par le trafic routier, a un impact direct sur l'espérance de vie. D’après les scientifiques, la pollution de l’air en milieu urbain est à l’origine de 2 millions de décès prématurés dans le monde chaque année, et la durée de vie dans les grandes villes européennes pourrait augmenter jusqu'à 22 mois pour les personnes âgées de 30 ans et plus si on respectait la valeur guide préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les particules fines – qui peuvent pénétrer profondément dans les voies respiratoires et sont, pour un bon tiers, liées à la combustion des moteurs des véhicules, notamment diesel. A l’inverse, l’étude estime que dans les 25 grandes villes observées, dont les populations additionnées se montent à 39 millions d'habitants, le dépassement du seuil de 10 microgrammes par m3 d'air fixé par l'OMS sur ce sujet se traduirait par 19 000 morts par an. Et la pollution a également un coût caché, estimé à 31, 5 milliards d'euros par an en dépenses de santé, manque à gagner économique lié à l’absentéisme, et autres coûts associés à la perte de bien-être, de qualité et d'espérance de vie… Evidemment, l’exposition varie selon les quartiers mais entre Stockholm (la seule ville à être sous le seuil OMS) et Bucarest ou Budapest (bonnes dernières), les 9 villes françaises étudiées (Marseille, Lille, Paris, Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Rouen, Le Havre et Toulouse) se trouvent dans une position médiane et pourraient gagner "4 à 8 mois" d'espérance de vie selon l’étude, soit quand même 3 000 décès annuels.
Autre conclusion de l’étude : la proximité du trafic routier augmente sensiblement le risque de maladies chroniques, telles que l’asthme (15% des asthmes de l'enfant seraient attribuables au trafic urbain), la bronchite chronique ou dans les pathologies cardiovasculaires (notamment chez les seniors).