Peut-être inspiré par le succès de l’opération de reprise des vêtements menée outre-Manche par Marks & Spencer, en association avec Oxfam, l’enseigne Celio (qui propose depuis plusieurs années une gamme en coton bio-équitable) a mené, du 26 août au 8 septembre, une brève action de rentrée pour donner une seconde vie aux jeans, en partenariat avec Le Relais, groupement d'entreprises d'insertion spécialisé dans la collecte, le tri et la valorisation des textiles usagés, et qui fait partie d'Emmaüs France. Les clients étaient donc invités à rapporter en magasin les vieux jeans relégués au placard (pour homme, femme ou enfant, de toute marque et de toute taille), en contrepartie d’une remise immédiate de 20% sur tout le magasin.
Que va-t-il advenir des jeans ainsi récupérés ? A défaut de maintenir leurs propriétaires au chaud un hiver de plus, ils serviront d'isolant naturel dans le bâtiment, une nouvelle activité lancée par Le Relais pour faire face à la crise économique que traverse depuis 5 ans la filière de la récupération et du recyclage des textiles. Le problème tient au fait que 60 % des 60.000 tonnes de vêtements récupérés chaque année par Le Relais sont non revendables en l'état, doivent recyclés et souvent vendus à perte. Ce pourcentage étant à la hausse, Le Relais a décidé, pour rétablir son équilibre financier et préserver ses 1 400 emplois, de créer une gamme d'isolation thermo-acoustique pour le bâtiment à partir de fibres textiles recyclées. Pour obtenir le matelas isolant, vendu ensuite sous forme de panneaux ou de rouleaux de 5 à 20 centimètres d'épaisseur, des vêtements en coton, laine ou acrylique sont effilochés puis mélangés à des fils de polyester qui servent de liant, le tout étant ensuite passé au four pour s'agglomérer de façon homogène. Au final, l’isolant Métisse ainsi obtenu est de couleur bleutée, due à sa base majoritaire en jeans : composé à 70 % de coton, 15 % de laine et acrylique, 15 % de polyester, il présente des performances d'isolation comparables à celles des laines minérales, mais de meilleures caractéristiques mécaniques, acoustiques et hygrométriques. Il est aujourd’hui testé dans quelques centaines de bâtiments en construction ou rénovation. Si les expérimentations s’avèrent concluantes, il pourrait constituer un débouché intéressant pour les 700 000 tonnes de vêtements et linge de maison jetées chaque année… dont 580 000 sont trop usés et finissent à l’incinération.