A l’occasion de la fin de son contrat avec le groupe JCDecaux, spécialisé dans la publicité urbaine, la municipalité écologiste de Grenoble vient de prendre une décision qui n'a pas fini de faire couler de l'encre : bannir les affichages publicitaires sur son territoire. Au total, ce sont donc 326 panneaux qui vont disparaître des rues de la métropole, soit 2051 m2 d’espace publicitaire : une mesure inédite pour une grande ville européenne, même si des villes comme Sao Paulo ont déjà franchi le pas ! Il faut dire qu'avec l’effondrement des recettes publicitaires traditionnelles face à la concurrence d’Internet, la redevance dont bénéficiait la ville grâce à la pub est passée de 600 000€ par an à 190 000€ en 2014 : avec la suppression de ces panneaux, le manque à gagner est au final peu élevé. Pour autant, dans l’immédiat la publicité ne va pas disparaître totalement sur le sol grenoblois, puisque le contrat pour les abribus et tram liant la ville à JCDecaux arrivera à échéance en 2019 seulement.
Avec cette décision, la municipalité entend répondre directement au constat établi par l’enquête « Publicité et société » en 2013, où 64% des Français disaient trouver la publicité envahissante et intrusive. A Grenoble, l'espace public ainsi libéré fera l’objet d’un réinvestissement citoyen, puisque de nouveaux dispositifs vont être installés afin de permettre une libre expression et le partage d’informations culturelles. Ces dispositifs seront accessibles pour des événements locaux (spectacles, concerts, etc.), pour des associations mais aussi pour l’expression d’opinion (citoyenne, politique, syndicale, etc.). La ville affiche également la volonté de réintroduire la nature dans l’espace urbain, et promet de planter une cinquantaine d’arbres avant le printemps. Installés dans les années 60, les panneaux publicitaires ne semblent désormais plus pertinents au sein d’une ville qui affiche haut et fort sa volonté de rendre l’espace public à ses habitants : ce faisant, Grenoble entend aussi garantir la "liberté de réception", permettant à chacun de choisir ou non de recevoir une information. Un pas intéressant dans un contexte où chacun d'entre nous serait quotidiennement exposé, selon l'ONG canadienne Adbusters, à un nombre de logos estimé entre 1500 et 3000 (logos sur des tee-shirts ou des camions, annonces presse, affiches dans la rue, messages à la radio, etc.).