La France a pris le leadership sur le sujet en demandant aux prix Nobel Joseph Stiglitz et Amartya Sen de produire un rapport sur "la mesure de la performance économique et du progrès social", paru en 2009, qui propose de piloter les politiques publiques à partir d’autres indicateurs que le PNB, strictement financier, celui-ci devant être complété par des mesures du bonheur, de la qualité de vie et du développement durable. Mais l’Angleterre pourrait bien reprendre la main en devenant le premier gouvernement européen à mettre en pratique ces recommandations et à mesurer effectivement et très officiellement son "Bonheur National Brut" - comme le fait déjà le petit royaume himalayen du Bouthan. Le bureau anglais des statistiques plancherait déjà sur les indicateurs appelés de ses vœux par le Premier Ministre David Cameron, qui annonce vouloir fonder les futures politiques gouvernementales sur les résultats de ces sondages d’un genre nouveau. Concrètement, des questions devraient donc être ajoutées à l’enquête conduite puis publiée régulièrement sur les ménages britanniques, à partir du printemps prochain. Selon The Guardian, la perspective ne réjouit pas tout le monde dans les milieux politiques, inquiets de voir cette mesure lancée en pleine crise économique. Concrètement, les indicateurs devraient allier des mesures objectives portant sur l’espérance de vie, le bénévolat ou le recyclage, à des mesures plus subjectives portant sur la perception par la population de son bonheur et de sa capacité à atteindre ses objectifs de vie… qui ne passent pas uniquement par la consommation ! Rappelons que d’autres initiatives, non-officielles, existent déjà en ce sens - en Angleterre notamment. Ainsi la New Economics Foundation, un think-tank britannique, a-t-elle créé en 2006 le Happy Planet Index (HPI) qui croise l’espérance de vie à la naissance, la satisfaction personnelle et l’empreinte écologique pour tous les pays du monde. Dans l’édition européenne en date de 2007, l’Angleterre n’était classée que 21ième sur 30 pays, loin derrière les pays scandinaves ou la Suisse et à quelques places de la France ou l’Allemagne. Autant dire que David Cameron et son gouvernement ont du pain sur la planche…