Ellen MacArthur, la navigatrice britannique devenue célèbre pour avoir battu le record du tour du monde à la voile en solitaire en 2005, s'attache depuis trois ans, à la tête de sa fondation, à promouvoir le concept d'économie circulaire. L'idée est simple : notre système actuel de production-consommation est linéraire et dépassé (nous prenons des ressources à la Terre, nous les utilisons pour fabriquer des produits, qui sont transformés en déchets après quelques semaines, mois ou années) ; pour faire face à la raréfaction des ressources, il est urgent de passer à un modèle circulaire, inspiré des écosystèmes naturels, où les déchets d'une espèce sont les ressources d'une autre. Autrement dit : nos déchets devraient soit pouvoir retourner sans danger à la terre, en étant dès le départ conçus pour être totalement biodégradables, soit pouvoir être démontés et réutilisés, ou recyclés. Ayant rassemblé autour d'elle quelques patrons de grands groupes anglais (dont Unilever, Marks & Spencer, Kingfisher - maison-mère de l'enseigne Castorama notamment, et DSM), MacArthur vient de lancer à Davos un nouveau rapport affirmant (grâce à quelques calculs effectués par le cabinet McKinsey) que l'industrie des biens de consommation pourrait économiser quelques 700 milliards de dollars par an avec les principes de l'économie circulaire, comme la méthanisation des déchets organiques domestiques.
Et Paul Polman, patron d'Unilever, d'appuyer ce point en affirmant que l'économie circulaire est non seulement un moyen d'économiser des ressources mais aussi de stimuler l'innovation. Ce que confirme son collègue de Kingfisher, Ian Cheshire, qui s'est engagé à développer 1000 produits inspiré de ces principes dans son enseigne anglaise de bricolage B&Q. Ellen MacArthur, en vaillante Jeanne d'Arc de cette noble cause, enfonce le clou : aujourd'hui, un citoyen de l'OCDE achète chaque année 800 kg d'aliments et boissons, 120 kg d'emballages, et 20 kg de vêtements ou chaussures - et dans le système actuel 80% de ces matériaux finiront dans une décharge ou un incinérateur. Cela doit changer, et MacArthur, qui ne vient pas du monde de l'entreprise, n'a aucun état d'âme à en bousculer joyeusement les discours convenus sur les raisons de ne rien faire, d'autant qu'elle a l'habitude d'affronter des vents contraires ! La bonne nouvelle est qu'à Davos, cette année, les patrons l'ont écoutée.