De l’assiette à la serviette, il n’y a qu’un pas… D’abord, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a décidé de faire de 2009 l’Année Internationale des Fibres Naturelles, espérant ainsi faire connaître et promouvoir les fibres naturelles (laine, fibres caprines comme le mohair ou le cachemire, soie, coton, lin, chanvre, jute, fibres des camélidés, etc.) - qui représentaient encore 40% de la consommation mondiale de textile en 2004 mais ne cessent de régresser au profit des matières synthétiques. Le message-clef : ces fibres naturelles sont une source de revenus vitale pour les paysans qui les produisent. Car elles proviennent parfois de grandes exploitations dans les pays industrialisés, mais dans nombre de pays en développement et de pays moins avancés, le produit de la vente et de l'exportation des fibres naturelles contribue à la sécurité alimentaire des paysans pauvres et des ouvriers de l'industrie des fibres. C'est le cas avec le coton dans certains pays d'Afrique de l'Ouest, le jute au Bangladesh ou le sisal en Tanzanie, mais aussi au niveau régional avec le jute au Bengale Occidental (Inde) ou le sisal dans le nord-est du Brésil.
Et voici que Slow Food, l’ONG d’origine italienne qui se bat depuis plus de vingt ans, partout dans le monde (elle compte 100 000 membres dans 150 pays), contre la malbouffe et l’uniformisation du goût, veut désormais s’engager contre la « malfringue » et l’uniformisation du style, rapporte Le Monde. « S'habiller est un acte agricole, tout comme manger est un acte agricole », a déclaré son fondateur Carlo Petrini au quotidien. Pour lui, nous devons cesser de nous vêtir avec du pétrole et redécouvrir les fibres naturelles cultivées dans les différentes régions du monde – avec l’idée que ces fibres doivent être produites de manière propre, et ne pas forcément voyager à travers le monde pour habiller les riches mais d'abord servir à vêtir les populations locales. Du coup, Slow Food a lancé un projet « Fibres naturelles » pour créer un « réseau textile » capable de promouvoir une approche différente de la qualité dans l'habillement, comme l’association l’a déjà fait avec son réseau Terra Madre pour l'alimentation. Cette initiative est soutenue par le groupe textile italien Ermenegildo Zegna, l’un des plus importants acheteurs de laine et de soie au monde, et qui remet chaque année depuis bientôt 50 ans des prix consacrant la qualité dans la production de fibres naturelles.