Nanoparticules, allergènes, conservateurs … les industriels ne font pas hélas l’impasse sur l’utilisation de ces ingrédients douteux dans la composition des produits de soin pour bébés. C’est ce que révèle une étude récente menée par le réseau WECF (Women in Europe for a Common Future) qui a analysé 341 cosmétiques pour les tout petits (laits de toilette, lotions, shampoings, liniments, lingettes, etc) vendus sur le marché français en pharmacies, parapharmacies, supermarchés et magasins biologiques. Les résultats qui en ressortent, s’ils sont à déplorer, ne sont hélas pas surprenants : la majorité des produits testés contient une ou plusieurs substances préoccupantes. L’enquête démontre notamment que 3 ingrédients ou familles d’ingrédients classés à « risque élevé » sont présents dans la composition de 299 produits sur les 341 analysés : un allergène par contact (la méthylisothiazolinone) retrouvé dans 19 produits dont 7 lingettes (produit en contact avec les muqueuses des bébés), un conservateur soupçonné d’effets toxiques sur la reproduction (le phénoxyéthanol) dans 54 produits dont 26 lingettes et enfin des parfums impliquant des risque potentiels d’allergies dans pas moins de 226 produits ! Et ce n’est pas tout : 181 produits contiendraient également 4 ingrédients ou familles d’ingrédients classés à « risque modéré » par les expertes du WECF, dont des sulfates (agents moussants potentiellement irritants), des huiles minérales issues de la pétrochimie et des nanoparticules dont les effets sur l’organisme et l’environnement sont encore mal évalués.
Compte tenu de ces résultats alarmants, qui plus est parce qu’ils concernent des produits de soin pour bébés supposément sans dangers, le WECF veut alerter les pouvoirs publics, l’Union Européenne en tête, et appelle à l’interdiction des trois ingrédients classés à « risque élevé » dans tous les cosmétiques destinés aux enfants de moins de trois ans. L’ONG exige également un moratoire sur l’usage de substances suspectées d’être des perturbateurs endocriniens dans les produits de soin pour bébés et demande à l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) une évolution de la méthode d’évaluation de ces cosmétiques avant leur mise sur le marché. En effet, seuls les ingrédients sont analysés indépendamment les uns des autres et non la formule finale. La question de l’étiquetage est par ailleurs évoquée : pas assez clair, il ne permettrait pas aux parents de faire leurs achats en toute connaissance de cause. Si l’ONG n’a pas établi une liste de marques à éviter ou à privilégier suite aux résultats de cette enquête, elle conseille aux parents de se méfier en priorité des lingettes et des produits pour le bain, mais aussi de limiter les cosmétiques pour bébés contenant du parfum. Les produits bio pour bébés peuvent présenter une garantie, même s’il faut là encore se méfier des parfums d’origine naturelle, eux aussi sources d’allergies. En attendant une véritable prise de responsabilité par l’industrie de la cosmétique et des pouvoirs public, seul le consommateur, à travers ses choix de consommation, a le pouvoir de voter avec son caddie pour des alternatives réellement inoffensives pour la santé des plus jeunes. Pour vous aiguiller, le projet « Nesting » mené par WECF donne des conseils pour faire des choix éclairés en matière de produits pour bébés (cosmétiques, alimentation, vêtements, jouets, etc).
Pour aller plus loin, tous les résultats et les détails de l’enquête sont disponibles sur www.projetnesting.fr
Consultez l'enquête intégrale.