Engagé de longue date sur l’environnement (il a notamment décidé de bannir l’utilisation de carburant fossile pour produire de l’électricité d’ici à 2020 et les véhicules diesel d’ici à 2030), le gouvernement suédois a décidé, comme d’autres (dont la France, la Grande-Bretagne et le Japon), de rendre obligatoire l’étiquetage carbone des aliments, dans les supermarchés et épiceries mais aussi, originalité scandinave, sur les menus des restaurants. Ainsi, Max, la première chaîne de hamburgers du pays, dont 75% de l’impact climatique provient de la viande et qui s’est par ailleurs fortement engagée sur le sujet, affiche-t-elle désormais le poids carbone de tous ses produits à la carte, ce qui a fait croître de 20% les ventes des produits à faible impact sur le climat. Selon le responsable de la Swedish National Food Administration, le pays a été le premier, en mai dernier, à publier des lignes directrices nationales pour une alimentation qui respecte autant la santé que le climat : parmi les conclusions, le rapport recommande aux Suédois de manger plus de carottes que de concombres ou de tomates (ces derniers devant être cultivés sous serre chauffée en Suède), de manger moins de poisson (en dépit des bénéfices pour la santé, puisque de nombreuses espèces sont menacées), et de remplacer la viande rouge par du poulet ou des alternatives végétariennes (légumineuses par exemple). Pas étonnant que le rapport ait été attaqué aussi bien par l’industrie locale de la viande que par les proches éleveurs de saumon norvégien… Il reste que d’après le New-York Times, la Suède pourrait diminuer ses émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation de 20 à 50% en appliquant ces règles : pas si mal dans un contexte où 25% des émissions des habitants de nos pays industrialisées seraient liées à l’alimentation (ce qui en fait la première source d’impact sur le climat dans la vie d’un individu, devant l’habitat et le transport). Evidemment, le problème est que sur un produit donné, comme la carotte, les émissions peuvent varier de 1 à 10 selon son origine géographique et la façon dont il a été cultivé. Mais le mouvement est en marche, malgré les difficultés : ainsi, le label bio scandinave, KRAV, a annoncé qu’il demandera l’an prochain aux agriculteurs d’utiliser des techniques peu émettrices de CO2 pour obtenir le label. Ce qui veut dire, par exemple, que la plupart des tomates cultivées sous serre ne pourront plus porter le label bio, sauf si le producteur utilise des agrocarburants issus de déchets agricoles pour chauffer les serres, et que les exploitations laitières devront nourrir leur bétail avec 70% d’alimentation produite locale (plutôt que d’importer des tourteaux de soja de pays comme le Brésil où la culture du soja a des impacts désastreux sur la forêt amazonienne et le climat)…