Fille de John Bird, fondateur du premier journal des sans-abris The Big Issue, Diana Bird a l’entrepreneuriat social dans les gènes… Rien d’étonnant, donc, à ce qu’on la trouve à l’origine du projet Wedge, une carte de fidélité créée il y a un an pour les habitants de Londres qui veulent encourager le petit commerce local et indépendant, à l'instar d'initiatives existant aux USA. Objectif : faire que l’argent dépensé par les consommateurs revitalise l’économie locale et y crée des emplois, au lieu de nourrir les profits d’une lointaine maison-mère.
Concrètement, tous les magasins sont potentiellement acceptés dans le réseau Wedge, sauf évidemment les chaînes (toute enseigne avec plus de neuf points de vente est rejetée) et les boutiques vendant des articles illicites, pornographiques ou liés au jeu. Le réseau, qui comprend déjà 500 magasins, ne se limite d’ailleurs pas, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, à des lieux vendant des produits "branchés", équitables ou biologiques : Diana Bird est fière au contraire de compter déjà 120 boutiques dans des quartiers relativement pauvres de Londres, comme Hackney ou Tower Hamlets. "Le point commun des magasins du réseau est qu’ils n’ont pas assez de moyens pour faire leur publicité", raconte-t-elle, "et le réseau Wedge est un formidable outil de promotion pour eux."
Car la carte Wedge (vendue sur Internet et dans les magasins qui l’acceptent, au prix de dix livres dont la moitié est reversée à une association londonienne) fonctionne comme une carte de fidélité "classique" : les achats effectués par le détenteur lui donnent droit à des réductions ou avantages variés dans d’autres boutiques du réseau, incitant les détenteurs à les découvrir. Seule différence, mais pas des moindres, avec une carte de fidélité traditionnelle : Wedge ne conserve aucune information sur les habitudes d’achat de ses clients. Ethique oblige !