Alors que l’édition 2010 du rapport élaboré tous les quatre ans par les statisticiens du ministère de l'écologie sur l’état de l’environnement en France fait état d’évolutions positives, notamment dans le fait que l'industrie a beaucoup réduit son impact sur l'environnement, sous la pression des pouvoirs publics, et que l'agriculture commence à faire de même, il fait aussi apparaître que la consommation individuelle pèse toujours davantage. Certes encouragées et stimulées par les stratégies commerciales de ces mêmes entreprises qui s'efforcent de réduire leurs impacts industriels, les pratiques des ménages - recours majoritaires à la voiture, demande de biens livrés rapidement (donc par la route), aspiration à la maison individuelle, multiplication des voyages à l’étranger (+25% entre 2000 et 2007, avec une forte croissance des courts séjours) semblent donc, selon l'analyse du quotidien Le Monde, "en décalage" avec le souci de protection de l'environnement exprimé. Autre constat du rapport, certes élaboré aux prémices de la mise en œuvre du Grenelle : la fiscalité écologique, instrument d'orientation de la consommation, reste modérée puisque les recettes fiscales environnementales représentent 2,2 % du PIB en 2007, ce qui place la France légèrement en retrait de la moyenne européenne, et loin derrière le Danemark ou les Pays-Bas.
Or le levier financier est décisif pour faire basculer la consommation, même sans système financièrement incitatif de type bonus-malus, comme l'affirme le magazine Ca m’intéresse ce mois-ci, qui fait la démonstration dans un dossier à la une que consommer moins est aussi une façon de se faire du bien, du côté du portefeuille ! Dans un contexte où nous changeons de portable tous les dix-huit mois, où nous ne portons jamais la moitié de nos vêtements et où un tiers de notre nourriture finit à la poubelle, et où une paire de chaussures ou un iPod neufs coûtent plus cher que la réparation, la crise pourrait bien être aussi une opportunité de réduire notre dépendance à la consommation… et de faire des économies. A condition, évidemment, de veiller ensuite à reporter cet argent sur des achats ou investissements responsables (même à la banque, car l’équivalent du prix d’une voiture peut, s’il est transformé en épargne et investi à notre insu dans des industries polluantes, générer plus d’émissions de CO2 que la voiture elle-même !).