Pionnier de l’anti-OGM dans ses produits à marque propre, Carrefour relance le débat en s’engageant simultanément sur les deux points névralgiques de la question : la présence d’OGM dans l’alimentation animale d’une part et l’information des consommateurs d’autre part. Car si la réglementation européenne de 2004 impose un étiquetage spécifique pour les produits contenant plus de 0,9% d’OGM, l’alimentation animale n’est pas prise en compte – il est donc possible d’acheter un poulet nourri exclusivement aux OGM sans en être informé !
Pour pallier ce manque d’information et permettre à ses clients de choisir en connaissance de cause, Carrefour a donc choisi de lancer un nouvel étiquetage “Nourri sans OGM” sur les produits d’origine animale. Au total ce sont 300 références alimentaires de la gamme Engagement Qualité Carrefour qui afficheront ce nouveau signe distinctif. Jusqu’à présent, seuls les aliments d’origine animale issus de l’agriculture biologique étaient garantis sans OGM (conformément au Cahier des charges européen), et des réseaux militants comme Biocoop, première enseigne de distribution spécialisée sur le bio en France, sont depuis longtemps engagés contre les OGM avec les acteurs des filières Viande, Lait, etc. Avec son initiative, Carrefour étend donc encore plus la contestation anti-OGM et pourrait inspirer d’autres enseignes et marques alimentaires, de manière à étendre l’offre de produits non-transgéniques – les poulets de Loué ont déjà mis en place un étiquetage similaire.
Cette initiative relance aussi le débat sur l’offre d’alimentation animale sans OGM. En effet, les plus gros importateurs – les Etats-Unis et l’Argentine – sont déjà passés aux OGM et seul 40% du soja brésilien est encore non-transgénique ! Il devient donc urgent de trouver de nouvelles filières d’approvisionnement et de garantir des débouchés commerciales aux Brésiliens afin qu’ils conservent une offre sans OGM pour les marchés européens. Car même si l’Union Européenne tolère les OGM et cède petit à petit aux lobbies, les consommateurs ne semblent toujours pas prêts à accepter les aliments transgéniques.