Depuis 40 ans, des coopératives alimentaires se développent à New York et Londres (voir notre article sur The People's Supermarket). Outre-Atlantique, c'est le modèle de Park Slope Food Coop (PSFC) qui a inspiré les fondateurs de La Louve, un projet de supermarché coopératif dans le nord-est de Paris, basé sur l’auto-gestion entre particuliers. Plus précisément, Park Slope Food Coop (PSFC) est un supermarché coopératif de 1000m2 situé dans le quartier Park Slope de Brooklyn, à New York. C'est d'ailleurs l’une des plus anciennes et importantes coopératives actives aux États-Unis, créée en 1973 : son modèle exige de chacun de ses 16 000 membres adultes qu'il contribue 2 heures et 45 minutes de travail par mois, en échange de quoi ils peuvent s’approvisionner au magasin, qui vend une sélection drastique mais large d’aliments et d’articles ménagers respectueux de la santé et de l’environnement, avec une marge limitée à 21%. Résultat : les prix sont en moyenne 40% inférieurs à un supermarché "classique", l'économie étant rendue possible par le fait que 75% du travail est apporté par ses membres. Pour les non-membres, les approches varient : chez The People's Supermarket, ils peuvent acheter avec des prix majorés, tandis que chez PSFC, ils peuvent juste visiter le magasin... sans acheter !
Et le plus formidable est que cela marche. En 2010, en pleine crise économique, un magazine new-yorkais titrait sur l'insolente santé financière de PSFC, qui doit refuser des membres car son magasin tourne à pleine capacité : "son bilan financier est tellement solide que Joe Holtz, coordinateur général et membre-fondateur, se demande quoi faire avec les plus de 500K$ de bénéfices. Le chiffre d’affaires de l’année dernière était de 39 M$. Si nous continuons à accumuler, de l’argent comme ça, dit M. Holtz, il va falloir faire une réunion pour décider d'une éventuelle baisse encore plus importante des prix. »
En transposant le modèle, les animateurs de l'association La Louve entendent eux aussi se procurer une alimentation à la hauteur de leurs idéaux - en "achetant des produits issus d’une agriculture pérenne, respectueuse des sols, de l’eau, et du vivant" mais aussi en faisant en sorte "que les personnes qui cultivent et transforment nos aliments soient rémunérées correctement et travaillent dans des conditions dignes", le tout en vendant "à prix bas, afin de permettre à tous l’accès à des produits de qualité". Malgré les quelques écueils qui se dressent encore sous les pas de la Louve en France (par exemple le fait que le projet impose le travail bénévole, ce qui est ni légal, ni illégal en France - mais reste rare, sauf dans les crèches parentales par exemple), souhaitons que ce magasin alimentaire d'un nouveau genre voit rapidement le jour...