La dernière campagne de publicité de Leclerc, dans laquelle l’enseigne annonce qu’elle va retirer de la vente certaines espèces marines menacées, s’est attirée les foudres de l’ONG environnementale Greenpeace. Ambiguë, la publicité déclare que Leclerc a choisi de retirer certaines espèces de la vente (thon rouge, siki, lingue bleue et flétan blanc) mais qu’elle garde d’autres espèces "en observation, car il ne faut pas passer d’un excès à l’autre". Curieuse façon d’opposer la responsabilité écologique à la responsabilité économique, pour dire que Leclerc veut aussi préserver l’emploi des pêcheurs (que le visuel montre d’ailleurs au milieu des espèces de poissons en voie de disparition). On sait en effet que les emplois des pêcheurs sont de toute façon affectés par l’épuisement des stocks et la diminution des prises : en Angleterre, un tiers des emplois de pêcheurs ont été supprimés en dix ans. Il y a quelques années, une campagne WWF pour le label de pêche durable MSC mettait d’ailleurs elle aussi en scène des pêcheurs, en affirmant qu’il s’agissait là de la première espèce menacée que le label voulait sauver – une approche plus globale et constructive que celle choisie par Leclerc.
Pour ne rien arranger, Leclerc s’est fait accuser de manipulation publicitaire par Greenpeace avec cette annonce, qui précise que l’enseigne a décidé "de ne proposer que du thon rouge provenant exclusivement de la pêche artisanale" en ajoutant, sous forme de note de bas de page marquée par un astérisque et en tout petit : "excepté les 28 senneurs". Le problème, selon Greenpeace, est que la flotte française comptait en 2009 effectivement 28 thoniers senneurs, dont le grand public ignore qu'il s'agit de "bateaux industriels de pêche qui sont précisément les principaux prédateurs du thon rouge de Méditerranée" ! Et l’ONG d’accuser : "après avoir clamé qu’elle veut soutenir la pêche artisanale, l’enseigne de la grande distribution nous dit donc, en note de bas de page et en petits caractères, qu’elle fera exception pour tous les bateaux industriels français." Autre coup de patte de Greenpeace : l’annonce Leclerc précise que l’enseigne va retirer de la vente le siki – une espèce de requin pêchée dans les grands fonds dont la publicité omet de préciser qu’elle est tellement menacée que la pêche en est déjà interdite (il reste néanmoins un quota très faible en France pour écouler les spécimens accidentellement pris dans les filets).