Les restaurateurs devront dorénavant préciser sur leur carte ou tout autre support qu'un plat proposé est fait maison, c'est-à-dire "élaboré sur place à partir de produits bruts". L'assemblée nationale a en effet voté fin juin le principe d'une appellation "fait maison" obligatoire (plutôt que facultative comme cela était aussi envisagé dans l'alternative soumise aux députés), dans le cadre du projet de loi sur la consommation. Une utilisation frauduleuse de cette mention pourra être assimilée à une pratique commerciale trompeuse et être passible de sanctions pénales. Objectif de ce texte porté par la Ministre du Commerce et du Tourisme Sylvie Pinel : "en finir avec l'assiette mystère", selon le terme du député PS Thomas Thévenoud rapporté par le Monde, et "défendre les restaurateurs qui ne sont pas des réchauffeurs ni des assembleurs". Toujours sur proposition du gouvernement, une seconde mesure a été adoptée pour moderniser et simplifier l'accès au label officiel de "maître-restaurateur". Naturellement, certains grognent - notamment du fait que seule la restauration commerciale est visée, mais pas les cantines, les boulangeries, … D'autres (ou les mêmes) veulent aller plus loin, en imposant une signalétique pour les produits congelés ainsi que l'affichage de la provenance des produits carnés et des poissons.
Une chose est sûre : la loi représente un pas important vers la transparence, dans un contexte où la part des restaurateurs utilisant des produits industriels oscillerait entre un tiers (chiffre du syndicat professionnel Synhorcat) et les trois quarts des restaurateurs (estimation donnée par Alain Ducasse lors du lancement en avril dernier de l'appellation "artisan restaurateur" pour distinguer ceux qui privilégient dans leur cuisine le fait maison sur l'industriel). Lequel syndicat voudrait aussi, à l'image de l'enseigne "boulangerie", réservée depuis 1995 à ceux qui fabriquent leur pain sur place, que seuls ceux qui cuisinent des produits bruts aient à terme le droit de s'appeler "restaurant". Mais les produits industriels répondent à un objectif de réduction des coûts, alors que le secteur est particulièrement touché par la crise et que les évolutions des modes de vie poussent les clients vers la restauration rapide (en Ile-de-France par exemple, selon le Monde, la pause déjeuner est passée d'environ 1 h 30 en 1980 à 30 minutes aujourd'hui). La restauration traditionnelle aurait ainsi perdu, depuis trois ans, 72 millions de visites.