Préparez ou réparez vos cabas ! Anne Hidalgo a proposé mardi 30 septembre d’interdire la distribution de sacs plastiques à usage unique dans les magasins et sur les marchés parisiens. Non seulement la production de ces sacs consomme des produits pétroliers, de l’eau et émet des gaz à effet de serre, mais ils sont en outre difficilement recyclables, contrairement à une idée reçue : selon Éco-emballages, les sacs plastiques seraient en effet trop légers pour être recyclés, et leur recyclage consommerait in fine plus de ressources qu’il n’en produit. En raison-même de cette légèreté, ils ont tendance à s'envoler, et se retrouvent partout dans les champs, rivières, montagnes et océans, où leur durée de vie est estimée à plusieurs centaines d’années ! En mer par exemple, ils sont responsables de la destruction d'espèces marines, comme les tortues, les dauphins, les thons… En ville, ils sont accusés de boucher les caniveaux et les égouts, provoquant le débordement des eaux usées qui sont sources de maladies. Enfin, ils portent atteinte à la santé humaine, par le biais des perturbateurs endocriniens qu’ils contiennent.
Avec cette mesure, Paris s’inscrit dans la lignée de la région de Corse (où les sacs sont interdits depuis 2003), de pays comme le Bangladesh (depuis 2002, après que ces sacs aient été mis en cause dans les inondations de 1988 et 1998) ou le Rwanda (depuis 2006), mais aussi de villes comme San Francisco (où les sacs sont interdits depuis 2007 en supermarchés et en pharmacies, et depuis 2012 dans tous les autres commerces), Mexico City, Delhi, Rangoon, etc. Emmené par l’expérience de San Francisco, l’Etat de Californie vient lui aussi d'adopter la même mesure fin août dernier (applicable en 2015). L’idée est aussi pour Paris, en vue de la Conférence des Nations-Unies sur le Climat qui s’y tiendra en décembre 2015, de devenir "le leader mondial du passage de la société du jetable à la société du durable", un modèle en matière d’écologie urbaine et une ville pionnière de l’économie circulaire. Pas évident quand même - car cela supposerait de rattraper San Francisco, notamment, qui est la première ville au monde à avoir pris un engagement ambitieux de « zéro déchet » mis en décharge à horizon 2020 et dont le taux de déchets valorisés ou recyclés est déjà de 80%, grâce à des initiatives tous azimuts sur le compostage des déchets organiques, le recyclage des huiles de fritures en biocarburant pour les bus municipaux, etc. La capitale veut aussi anticiper un futur texte de loi qui devrait interdire ces mêmes sacs à horizon 2016 sur tout le territoire - en application d’un texte européen de fin 2013 : espérons qu’il sera mieux appliqué que la précédente loi, votée avec grand tapage médiatique par la France en 2005 pour interdire les sacs à horizon 2010 … mais dont on ne parle plus car elle ne fut jamais suivie d’un décret d’application ! Naturellement, à Paris, l’interdiction ne sera pas mise en place du jour au lendemain, et un temps d’adaptation sera offert aux commerçants. Les sacs seront en effet interdits sur les marchés ainsi que dans les grandes surfaces, mais les autres commerces de la ville seront tout aussi concernés.