Dans la transition écologique et la lutte contre le changement climatique, le gouvernement mise sur la rénovation énergétique et les entreprises s'efforcent de produire des technologies ou solutions plus vertes... mais sans changement de comportement, la bataille est perdue d'avance. Car c'est bien notre façon de consommer qui va faire évoluer la donne. Mais il est urgent de développer des incitations efficaces, car si près de 8 Français sur 10 se disent disposés à acheter des produits bons pour l'environnement, 7 sur 10 sont demandeurs d'information sur l'impact environnemental des produits et à peine 2 sur 10 passent à l'action. Cette question des incitations au changement de comportement est essentielle : les experts sont formels, et le Centre d'analyse stratégique vient de le confirmer à travers deux notes qui font suite à une première note sur les "nudges" verts publiée en 2011 - l'une sur l'affichage environnemental et la seconde sur les incitations comportementales et l'effet rebond dans les consommations énergétiques des logements.
Sur le premier sujet, en test depuis le Grenelle I en 2010, le CAS propose quelques pistes pour avancer de manière plus efficace : annoncer dès aujourd'hui une obligation d'affichage environnemental sous forme d'étiquette, dans les trois à cinq ans ; éviter de démultiplier les formats, au profit d'un logo officiel aisément identifiable et de repères simples à interpréter par le consommateur, tant lors de l'acte d'achat en magasin qu'à domicile pour une information plus détaillée (site web, flashcode) ; enfin, développer des incitations innovantes en mentionnant par exemple sur le ticket de caisse des produits achetés leur contenu en CO2 et leur impact sur la biodiversité, comme l'ont testé des enseignes européenne (Coop ou ICA en Suède notamment, ou Leclerc en France)...
Sur le second sujet, l'efficacité énergétique dans les logements, qui est le cheval de bataille du gouvernement, il ne suffit pas de construire ou de rénover vert : l'usage du bâtiment est central, rappelle le CAS. Si les habitants ne changent pas de comportement, les investissements importants consentis pour obtenir des immeubles verts pourraient bien déboucher sur des performances supérieures à celles de bâtiments conventionnels, véritables "passoires thermiques". La cause : ce que l'on appelle l'effet rebond - ou comment le comportement annule parfois les gains de performance énergétique obtenus par la diffusion du progrès technique (un exemple, l'installation d'ampoules économes rend moins vigilant sur le gaspillage d'énergie). Pour agir sur ce front, le CAS propose d'accompagner les campagnes de construction et de rénovation des logements par des incitations à économiser l'énergie : il peut s'agir par exemple de la mise en place de concours pour récompenser les quartiers, les immeubles, les familles qui réalisent les meilleures économies d'énergies ; mais aussi de la diffusion aux habitants de logements neufs, lors de l'envoi de la facture d'électricité de fuel ou de gaz, d'informations comparant leur consommation à elle d'un ménage "économe" de taille identique ou des "meilleurs" ménages des environs ; ou enfin de la diffusion aux particuliers des coûts et bénéfices que représentent l'évolution de pratiques ou l'acquisition d'appareils économes en électricité, par l'intermédiaire de leur facture d'électricité et de messages électroniques (SMS, mails).