Depuis 2009, des chercheurs de l’Unité de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle à l’Université de Paris 13 se sont lancés dans une étude de cohorte (c’est à dire portant sur plusieurs milliers de personnes en France), pour comprendre l’impact de l’alimentation sur la santé. Volet de cette vaste étude, BioNutriNet est une enquête qui se focalise sur les consommateurs de produits issus de l’agriculture biologique. Ainsi, en 2014, 28 245 volontaires ont répondu aux questions de cette enquête, en détaillant leur relation aux produits bio (type de produits, quantité, fréquence d’achat, lieux, connaissance du label) et comportements écologiques (tri des déchets, compostage, matériels à faible consommation d’énergie etc). En s’appuyant sur les caractéristiques physiques et sociodémographiques des participants, leurs besoins alimentaires en produits bio et leurs apports nutritionnels, les chercheurs ont défini cinq profils de consommateurs de produits biologiques. Jeunes et urbains, les « petits mangeurs » n’en consomment pas beaucoup et s’approvisionnent au supermarché, chez les artisans ou sur les marchés. La qualité nutritionnelle de leur alimentation est plutôt moyenne. Les « gros mangeurs », aux faibles revenus et les moins éduqués, mangent plus que la moyenne et ont un régime alimentaire de moins bonne qualité. Ils font partie de la catégorie de ceux qui consomment le moins de produits biologiques. Les « petits mangeurs bio » mangent peu mais essentiellement bio et font prioritairement leurs courses en supermarché. Ces individus, pour la plupart des femmes, adoptent également des comportements écologiques (tri des déchets ou compost) et leur régime alimentaire est de qualité nutritionnelle moyenne. Viennent ensuite les « mangeurs bio écolo ». Ils sont plus éduqués que les autres profils sans pour autant être plus riches. Majoritairement ruraux, ils font leurs courses en magasins bios et auprès de petits producteurs (circuits courts), d’où leur régime alimentaire de bonne qualité nutritionnelle. Qui plus est, ils sont nombreux à avoir adopter des pratiques écologiques. Enfin, les « mangeurs bios modérés épicuriens » sont plus souvent des hommes âgés, fumeurs et aux revenus plus élevés. Ces derniers fréquentent les supermarchés, épiceries et artisans. Quant à leur régime alimentaire, il est mitigé : ils se nourrissent modérément en produits biologiques et consomment plus d’alcool que les autres. Quel bilan tirer de ce panel de consommateurs ? Selon les chercheurs en charge de cette étude, il n’existe pas deux types de « mangeurs » - ceux qui consomment des produits biologiques et les autres - mais plusieurs profils, variant en fonction des modes de vie, caractéristiques sociodémographiques et façons de s’alimenter des individus. Ainsi, bien loin de l’image stéréotypée du « bobo », le « mangeur bio écolo » n’est pas plus riche ni plus urbain que la moyenne mais plus éduqué. Il mange mieux sur le plan nutritionnel et opte pour un régime alimentaire plus végétal.
Pour en savoir plus, consultez l’étude en bande dessinée.